Dans une prise de position politique remarquable, Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) et membre du secrétariat général du parti, a exprimé sa profonde stupéfaction face aux déclarations faites par Abderrahim Chahid, président du groupe socialiste à la Chambre des représentants, lors de son passage dans l’émission « Point à la ligne », diffusée par la chaîne Al Aoula, mardi 27 mai 2025.
Bouanou a qualifié l’intervention de Chahid d’« offensante, calomnieuse, absurde et mensongère », s’étonnant qu’un média public se prête, selon lui, à une tentative de riposte médiatique contre une conférence de presse tenue par un parti politique rival. Il a ajouté que si cette instrumentalisation de la chaîne publique était confirmée, cela constituerait une violation potentielle de la loi encadrant la communication audiovisuelle. Il a annoncé que le PJD réclamerait un droit de réponse, et n’exclut pas de recourir aux procédures légales.
Sur le fond des propos de Chahid, Bouanou a dénoncé la virulence du langage utilisé, notamment des expressions comme « loups » ou « enragés », qu’il a perçues comme des signes d’un discours conflictuel aux relents révolutionnaires, inadapté au travail parlementaire moderne. Il a insisté sur le fait que la politique devait être pratiquée dans un esprit institutionnel responsable, et que les différends ne sauraient justifier des dérives vers un discours de haine idéologique ou d’attaques personnelles.
Il est également revenu sur les dessous du désaccord politique autour de la motion de censure, s’étonnant de ce qu’il a qualifié de « revirement soudain » du groupe socialiste, après les engagements pris lors des réunions de coordination, notamment celles des 4 et 12 mai, où Chahid avait, selon lui, affirmé son engagement et accepté la mise en œuvre d’une déclaration commune, la tenue d’une conférence de presse, et la signature en direct par les députés.
Bouanou a précisé que le groupe socialiste avait lui-même rédigé la première version du document, discuté par les chefs des groupes parlementaires, avant de fixer une date pour le lancement de l’initiative. Il a déclaré ne pas comprendre ce qu’il appelle « ce retournement de situation », estimant que Chahid n’a pas seulement menti au PJD, mais aussi aux autres composantes de l’opposition.
Concernant la direction actuelle de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), Bouanou a affirmé que le problème du PJD n’était pas avec le parti en lui-même, mais avec son Premier secrétaire, Driss Lachgar, qu’il accuse d’avoir plongé le parti dans une logique électoraliste, d’avoir démantelé un projet politique historique et d’avoir transformé l’USFP en une organisation familiale à l’échelle régionale, provinciale et parlementaire.
Il a conclu son intervention en exprimant de nouveau sa surprise face à ce qu’il considère comme une « haine politique » manifestée par Chahid lors de l’émission, soulignant que son nom et celui du PJD avaient été mentionnés 37 fois en moins de 53 minutes, soit une fois par minute, ce qu’il interprète comme un signe de « perte d’indépendance et de volonté », et un indice inquiétant sur l’exploitation du service public audiovisuel à des fins partisanes restreintes, mettant en péril la liberté d’expression et l’équilibre institutionnel.
Du côté opposé, une source parlementaire proche du groupe socialiste a réagi auprès de The Press, estimant que la sortie de Bouanou n’était « rien de plus qu’une tentative de diversion », et a ajouté que « le groupe socialiste a exercé son droit naturel d’exprimer sa position à travers un média public, tout comme les autres groupes parlementaires ».
La même source a souligné que l’USFP « n’a pas de leçons à recevoir en matière de crédibilité de la part d’un parti en déclin politique et organisationnel sans précédent, qui tente d’exploiter chaque désaccord pour régler des comptes personnels avec certaines figures politiques ». Elle a enfin affirmé que les désaccords au sein de l’opposition « sont normaux dans le contexte politique actuel, mais faire porter la responsabilité d’un échec collectif à un seul groupe reflète un manque de vision politique et une attitude vindicative nuisible à l’opposition comme aux institutions ».