Frontière Niger–Bénin fermée : les populations paient le prix d’un bras de fer diplomatique

La tension diplomatique entre Niamey et Cotonou continue de s’envenimer, alors que le Niger refuse toute réouverture de sa frontière avec le Bénin sans « signes satisfaisants » de la part des autorités béninoises. Une fermeté affichée qui, sur le terrain, accentue les frustrations des populations frontalières nigériennes, particulièrement dans la zone de Gaya, où la fermeture entrave désormais les circuits commerciaux et aggrave les difficultés sociales.

À l’origine de cette crispation, les autorités de la Transition maintiennent leurs accusations concernant une prétendue présence militaire française dans le nord du Bénin. Lors d’une visite à Gaya, des responsables nigériens ont soutenu que des soldats français évacués du Tchad se seraient installés à Tourou, près de Parakou, depuis décembre 2023. Le président de la Transition a même évoqué l’arrivée au port de Cotonou du porte-hélicoptères amphibie français Tonnerre, présenté comme un appui logistique présumé à ce dispositif.

Paris comme Cotonou ont balayé ces accusations, jugeant infondées les affirmations nigériennes et rappelant que leur coopération sécuritaire s’inscrit strictement dans le cadre d’accords bilatéraux et régionaux. Pour les deux capitales, les allégations de Niamey relèvent davantage du discours politique que de la réalité opérationnelle, dans un contexte où le Niger a rompu avec plusieurs partenaires traditionnels et repensé ses alliances militaires.

En attendant, ce bras de fer diplomatique prend surtout en otage les activités économiques transfrontalières qui assurent la survie de milliers de familles. Gaya et les localités avoisinantes voient leurs marchés s’étouffer, leurs camions immobilisés et leurs circuits d’approvisionnement paralysés. Les commerçants, transporteurs et agriculteurs, déjà éprouvés par les bouleversements régionaux, réclamant une issue rapide à cette fermeture qui menace leur quotidien.

Faute de dialogue direct entre les deux capitales, l’heure semble venue pour une médiation régionale afin d’éviter une crispation durable aux conséquences économiques et politiques plus lourdes encore. Dans un Sahel fragilisé par les recompositions stratégiques, Niamey et Cotonou sont désormais sommés de transformer la surenchère verbale en une démarche diplomatique responsable — faute de quoi ce différend entre voisins pourrait se transformer en fracture durable.

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