Le gouvernement camerounais a finalisé ce 19 novembre l’accord de rachat des parts détenues par le fonds britannique Actis dans Energy of Cameroon (Eneo). À compter de cette date, l’entreprise devient entièrement propriété de l’État, marquant ainsi la nationalisation officielle du concessionnaire de la distribution d’électricité au Cameroun.
Cette opération d’envergure est l’aboutissement d’un processus engagé début 2023 et accéléré par des instructions du président de la République. Le 5 septembre 2023, une correspondance du secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, adressée au secrétaire général des Services du Premier ministre, Séraphin Magloire Fouda, ordonnait la création d’un comité interministériel chargé de piloter le rachat.
Placée sous la coordination du ministre des Finances, Louis Paul Motaze, cette instance regroupait notamment les ministres de l’Eau et de l’Énergie, de l’Économie, ainsi que des représentants de la présidence, de la Primature et de la Caisse nationale de prévoyance sociale, structure par laquelle devait transiter l’opération. Financia Capital avait été mandaté pour évaluer la valeur des actions d’Eneo. D’après Africa Intelligence, l’État a acquis les parts d’Actis pour un montant de 119 millions d’euros, soit près de 78 milliards de francs CFA.
La nationalisation d’Eneo intervient dans un contexte de fortes critiques formulées par les consommateurs, excédés par les coupures d’électricité à répétition. Le gouvernement avait régulièrement imputé une partie de ces dysfonctionnements au partage de la gouvernance avec Actis, qui détenait 51 % du capital, contre 44 % pour l’État et 5 % pour les employés. En reprenant le contrôle total de l’entreprise, Yaoundé affirme vouloir renforcer sa souveraineté énergétique et améliorer la qualité du service sur l’ensemble du territoire.