Le jeudi 4 décembre, Washington deviendra le théâtre d’un moment diplomatique rare : Paul Kagame et Félix Tshisekedi, deux dirigeants longtemps opposés, se retrouveront à la Maison-Blanche pour signer un accord de paix censé ouvrir une nouvelle phase dans les relations entre le Rwanda et la RDC. Donald Trump, qui a personnellement facilité les négociations, recevra les deux présidents pour entériner cet engagement présenté comme « historique » par sa porte-parole, Karoline Leavitt.
Cet accord n’est pas né du jour au lendemain. Dès la fin juin, les deux pays avaient déjà paraphé à Washington un premier texte supervisé par les États-Unis. Mais ce document préliminaire n’avait pas suffi à faire taire les armes dans l’est de la RDC, où les combats se sont intensifiés depuis janvier avec l’avancée spectaculaire du M23. Le groupe rebelle a pris Goma et Bukavu, plongeant la région dans une crise sécuritaire encore plus profonde.
L’impatience avait grandi au Rwanda. Paul Kagame avait publiquement accusé Kinshasa de retarder la signature finale. De son côté, la RDC rappelait ses conditions essentielles : le respect de sa souveraineté, le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et la restauration d’une confiance brisée par des décennies de tensions.
La semaine dernière, Félix Tshisekedi a finalement confirmé sa présence à Washington. Sa porte-parole, Tina Salama, a expliqué que le président congolais entendait non seulement valider l’accord de paix avec Kigali, mais aussi avancer sur un cadre d’intégration régionale porté par la RDC depuis plusieurs années. Elle a toutefois insisté : la paix durable dépendra du respect strict des engagements par toutes les parties.
Du côté rwandais, le ministre des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a confirmé le déplacement de Paul Kagame, tout en évitant de commenter davantage ce moment sensible.
Ce nouveau rendez-vous diplomatique intervient après une succession d’initiatives internationales. Début novembre, les deux pays avaient reconnu le manque de progrès et promis de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’accord de Washington. Mi-novembre, Kinshasa et le M23 ont également signé au Qatar une feuille de route censée préparer un cessez-le-feu durable dans l’est de la RDC.
Reste à savoir si cette rencontre du 4 décembre marquera un tournant réel ou un nouveau chapitre dans une longue série de tentatives de paix. Ce qui est sûr, c’est que la Maison-Blanche accueillera deux présidents qui, malgré leur méfiance persistante, n’ont plus le luxe d’un échec. L’est congolais, déchiré depuis trois décennies, attend des actes concrets.