Au nord du Mozambique, la situation humanitaire s’enfonce un peu plus chaque semaine. Selon le HCR, près de 100 000 personnes ont été contraintes de fuir ces dernières semaines, alors que les violences gagnent des districts jusqu’ici préservés. Le conflit, autrefois cantonné à Cabo Delgado, étend désormais sa trajectoire destructrice vers Nampula et Niassa.
Les récits recueillis sur le terrain dressent un tableau d’une grande brutalité : attaques nocturnes, villages encerclés, maisons incendiées, habitants forcés à s’enfuir dans la précipitation. Beaucoup ont tout laissé derrière eux, parfois même leurs documents d’identité. Dans la confusion, des parents ont perdu la trace de leurs enfants, d’autres ont dû abandonner des proches âgés, incapables de suivre la fuite.
Pour nombre de familles, il s’agit d’un nouvel exode, le deuxième voire le troisième depuis le début de l’année. Les provinces de Nampula et de Niassa, qui avaient jusque-là accueilli des déplacés internes, sont désormais elles aussi ciblées, créant un effet de déplacement en chaîne. L’avancée rapide de la violence laisse peu ou pas d’avertissement aux civils, qui se réfugient comme ils peuvent : dans des écoles, des églises, ou dans la localité de Meliva, devenue l’un des principaux points de rassemblement.
Épuisés, parfois après plusieurs jours de marche, les déplacés arrivent sans ressources et sans accès aux services essentiels. Au total, plus de 1,3 million de personnes ont déjà été déracinées depuis le début du conflit — un chiffre qui ne cesse de croître, à mesure que l’insécurité progresse dans le nord du Mozambique.