En Guinée-Bissau, plus de 960 000 électeurs étaient appelés aux urnes ce dimanche 23 novembre pour un double scrutin présidentiel et législatif particulièrement décisif. Cette élection se tient dans un climat politique chargé, un an après la dissolution du Parlement par le président Umaro Sissoco Embaló en 2023, sur fond de tensions institutionnelles persistantes dans un pays habitué aux crises et aux changements de régime.
Initialement prévues pour 2024, ces élections avaient été reportées pour des raisons de sécurité, selon les autorités. Le scrutin a été marqué par une controverse majeure : l’exclusion du PAIGC, le parti historique de l’indépendance, écarté de la course par une décision de la Cour suprême. Son leader, Domingos Simões Pereira, figure centrale de la vie politique bissau-guinéenne et principal opposant d’Embaló lors des précédentes échéances, a lui aussi été empêché de concourir. Une décision dénoncée par de nombreux acteurs politiques comme un affaiblissement du pluralisme électoral.
Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, ancien général et homme fort de la scène politique, brigue un second mandat face à Fernando Dias da Costa, candidat soutenu par une partie de l’opposition et présenté comme la principale alternative au pouvoir en place. Malgré les tensions politiques, les observateurs déployés dans le pays ont fait état d’un scrutin globalement calme et sans incidents majeurs, même si la logistique a été jugée complexe en raison du double vote.
Le dépouillement a débuté dès la fermeture des bureaux de vote et devrait se prolonger plusieurs jours. Selon les premiers commentaires d’analystes, la course s’annonce serrée entre Embaló et Dias da Costa, dans un contexte où les équilibres politiques restent fragiles. Les résultats provisoires officiels sont attendus jeudi 27 novembre. En cas d’absence de majorité absolue, un second tour de la présidentielle est d’ores et déjà prévu pour le 21 décembre.
Pour la Guinée-Bissau, pays marqué depuis son indépendance par une succession de coups d’État, de dissolutions parlementaires et de rivalités institutionnelles, ce double scrutin représente bien plus qu’une simple échéance électorale. Il constitue un test majeur pour la stabilité politique, la consolidation démocratique et la capacité des institutions à organiser une transition pacifique du pouvoir — ou à reconduire un exécutif dans un cadre pleinement légitime.