À l’occasion du cinquantième anniversaire de son indépendance, l’Angola s’apprête à accueillir cette semaine l’équipe nationale d’Argentine, championne du monde en titre menée par Lionel Messi. Un match amical est programmé vendredi au stade du 11 Novembre à Luanda, stade qui porte la date symbolique de la proclamation d’indépendance du pays. Selon plusieurs médias angolais, la Fédération nationale aurait déboursé près de 13 millions de dollars pour attirer la star argentine et ses coéquipiers sur le sol angolais.
Mais derrière l’affiche prestigieuse, l’initiative suscite une vive controverse. De nombreuses voix dénoncent une opération de communication dispendieuse, menée par un pays où les défis socio-économiques demeurent criants. Dans un contexte de chômage persistant, de dépendance persistante au pétrole et de difficultés d’accès aux services de base pour une large partie de la population, cette dépense pharaonique apparaît pour beaucoup comme une provocation. Plusieurs organisations de la société civile avaient d’ailleurs appelé, dès août dernier, à l’annulation de la rencontre, rappelant la mort d’au moins 30 manifestants lors de protestations contre la hausse du prix du carburant.
Malgré ces contestations, la sélection argentine est attendue jeudi dans la capitale. Trois joueurs manqueront toutefois à l’appel, faute de vaccination contre la fièvre jaune, tandis qu’un autre est forfait sur blessure. Les autorités semblent déterminées à faire de cet événement un moment de prestige international, indépendamment des critiques sur son coût et son opportunité.
Ce match s’inscrit dans le cadre des festivités du cinquantenaire, qui ont débuté mardi avec un imposant défilé militaire sur la place de la République, en présence du président João Lourenço. Mais à l’heure où l’Angola tente encore de définir sa trajectoire de développement, la venue de Messi et de l’Argentine interroge : célébrer un demi-siècle d’indépendance par une vitrine footballistique onéreuse ne risque-t-il pas de souligner davantage les contradictions d’un pays riche en ressources… mais pauvre en perspectives durables pour sa population ?