Un besoin d’une dynamique jeunesse renouvelée.

Par : Rachid Boukhenfer, Vice-président de la Région Souss-Massa et expert en économie et en développement des compétences

Nous vivons aujourd’hui dans un contexte national et régional marqué par des transformations rapides et des défis complexes. Cela nous impose de renouveler notre approche vis-à-vis de la jeunesse, non pas seulement en tant que sujet des politiques publiques, mais en tant qu’acteur central dans leur élaboration, mise en œuvre et évaluation. D’autant plus que notre pays traverse ce que les économistes et démographes appellent une « opportunité démographique », en raison du recul progressif de la croissance démographique (2,06 % en 1994 contre 0,85 % en 2024).

Fort de mon expérience dans l’encadrement et le suivi des dynamiques de jeunesse à travers plusieurs régions du Royaume, je suis convaincu que la jeunesse marocaine, lorsqu’on lui offre un véritable espace de participation et qu’on l’écoute sincèrement, est capable de créer, d’interagir et de s’engager dans des initiatives sérieuses, claires dans leur sens et leur finalité.

Aujourd’hui, nous avons besoin d’une dynamique jeunesse renouvelée, qui s’inspire du riche capital accumulé par les différentes formes d’expression de la jeunesse au Maroc. Des organisations éducatives dans toute leur diversité, à l’espace associatif avec ses initiatives de terrain, en passant par l’Instance nationale de la jeunesse et de la démocratie, les jeunesses partisanes, le Forum associatif, l’Association marocaine de solidarité et de développement (qui fut autrefois un vivier de cadres associatifs), le Forum Alternatives Maroc et de nombreux autres espaces qui ont su, chacun depuis sa position, concilier action politique et engagement civil, et créer une véritable synergie entre travail de terrain, réflexion académique et implication politique. Ainsi, ils ont su garder vivante la flamme de l’espoir, et ouvrir des espaces de débat, de formation et d’initiatives permettant aux jeunes de dépasser les logiques de marginalisation.

Cependant, cette dynamique tant attendue doit également prendre en compte les mutations récentes dans la relation des jeunes à la vie publique, notamment avec l’émergence de nouvelles formes de participation, du militantisme numérique aux initiatives citoyennes, particulièrement dans le milieu étudiant, où le nombre d’inscrits atteint 1,3 million d’étudiants. Elle doit aussi intégrer l’implication croissante des jeunes dans les institutions élues, à tous les niveaux territoriaux. En effet, 27 % des députés ont moins de 45 ans, avec 15 843 élus communaux et 241 élus régionaux dans cette tranche d’âge, constituant une opportunité historique pour reconstruire les passerelles entre jeunesse, politique et engagement civique. À condition toutefois de soutenir, encadrer et offrir les espaces adéquats à ces jeunes compétences pour qu’elles puissent conduire le changement de l’intérieur, et non se limiter à un rôle de « décor démocratique ».

La dynamique jeunesse dont nous avons besoin aujourd’hui est une dynamique qui se nourrit de la diversité, respecte l’autonomie des espaces jeunesse – qu’ils soient structurés ou non –, et mise sur la construction de la confiance plutôt que sur le contrôle ou la tutelle. C’est une dynamique qui lit la réalité avec un langage nouveau, et qui croit que la jeunesse n’est pas un simple chiffre démographique, mais une force de proposition et de transformation, capable de contribuer à la construction d’un Maroc de justice, d’égalité, de dignité et de citoyenneté active.

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