L’avocat et opposant tunisien Ayachi Hammami a été arrêté mardi à son domicile pour purger une peine de cinq ans de prison, confirmée par la Cour d’appel de Tunis le 28 novembre 2025. Cette condamnation intervient dans le cadre de l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État ». Hammami, figure connue de l’opposition de gauche et défenseur des droits humains, avait initialement été condamné à huit ans. Avant son arrestation, il avait publié une vidéo déclarant : « Si cette vidéo est publiée, cela signifie que j’ai été arrêté », dénonçant le caractère politique de ce procès.
Cette arrestation fait partie d’une série de mesures visant à exécuter les peines prononcées contre plusieurs responsables de l’opposition, avocats et hommes d’affaires, certaines atteignant jusqu’à 45 ans de prison. La militante Chaima Issa a été arrêtée la semaine dernière, et l’ancien dirigeant politique Ahmed Nejib Chebbi, condamné à 12 ans, devrait être interpellé prochainement. Ces condamnations ont été vivement critiquées par des organisations internationales comme Human Rights Watch et Amnesty International, qui dénoncent un procès « politique et inique » et demandent l’annulation des peines. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a également exprimé son inquiétude concernant le respect des droits à un procès équitable.
La Tunisie traverse une période politique tendue depuis l’été 2021, lorsque le président Kaïs Saïed a suspendu le Parlement et gouverne par décret, invoquant la lutte contre le « chaos et la corruption ». Les manifestations en faveur de la démocratie continuent, comme la marche contre l’injustice du 23 novembre dernier. Le Parlement européen a demandé la libération des détenus politiques, une demande rejetée par le président comme une « ingérence flagrante ». Hammami a été conduit à la prison de Mornaguia, et les arrestations dans cette affaire se poursuivent, attirant l’attention internationale sur la situation politique et judiciaire en Tunisie.