Trump vise les transferts d’argent des migrants : une nouvelle taxe menace des économies africaines entières

Dans une nouvelle démarche reflétant les orientations de l’administration américaine actuelle dirigée par Donald Trump, la Maison-Blanche a inclus dans le projet de loi budgétaire intitulé « One Big Beautiful Bill » une disposition proposant d’imposer une taxe fédérale de 3,5 % sur les transferts d’argent effectués par les non-citoyens américains vers l’étranger. Si cette mesure venait à être adoptée, elle pourrait porter un sérieux coup aux économies de nombreux pays africains qui dépendent fortement des envois de fonds de leurs diasporas établies aux États-Unis.

Cette proposition intervient après une série de politiques américaines marquées par l’austérité à l’international, notamment la réduction des aides de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), ce qui a eu un impact négatif sur des secteurs comme la santé et l’éducation dans plusieurs pays africains. Mais imposer une taxe sur les transferts des migrants – souvent considérés comme la bouée de sauvetage de leurs familles – met des économies comme celles du Nigeria, du Sénégal ou du Liberia en grand danger.

Selon ce nouveau projet, cette taxe s’ajouterait aux frais habituels appliqués par les sociétés de transfert, estimés en moyenne à 6 %, ce qui porterait les prélèvements à plus de 10 % sur chaque somme envoyée depuis les États-Unis. Si elle est adoptée, cette mesure ferait des États-Unis le pays le plus cher du G7 en matière de transferts d’argent.

Les statistiques montrent à quel point certains pays africains sont sensibles à ces flux. Par exemple, les envois de fonds vers le Nigeria représentent environ 38 % du total africain, avec plus de 19 milliards de dollars par an. Dans de petits pays comme la Gambie, le Lesotho ou les Comores, ces transferts représentent plus de 20 % du PIB, illustrant le lien vital entre les migrants et l’économie de leurs pays d’origine.

Le Sénégal, quant à lui, est l’un des pays francophones d’Afrique les plus dépendants des transferts de sa diaspora : les fonds reçus ont atteint environ 3 milliards de dollars en 2023, soit plus de 10 % de son PIB. Selon les estimations de la Banque mondiale, environ 10 milliards de dollars sur les 56 milliards envoyés vers l’Afrique subsaharienne en 2024 provenaient des seuls États-Unis.

Face à ces évolutions, des experts mettent en garde contre le risque que ces politiques incitent les migrants africains à se tourner vers des canaux informels pour transférer leur argent, comme les cryptomonnaies ou des intermédiaires non agréés, ce qui accroîtrait les risques de fraude et de blanchiment. Dans des pays comme le Liberia, où les transferts de la diaspora représentent 19 % du PIB, une telle taxe pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur la stabilité économique et sociale, posant ainsi de véritables questions sur l’avenir du lien entre migration et développement en Afrique.

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