Dans un geste diplomatique aussi rare que symbolique, le président américain Donald Trump a accueilli cette semaine à la Maison-Blanche cinq dirigeants africains venus du Gabon, du Libéria, du Sénégal, de Guinée-Bissau et de Mauritanie. Cette rencontre, organisée dans un contexte géopolitique tendu et à quelques mois des élections américaines, marque une tentative visible de Trump de redorer son blason sur un continent longtemps négligé par sa diplomatie. L’événement s’est tenu dans un cadre protocolaire soigné, mais les enjeux dépassaient largement les sourires et poignées de main.
Officiellement, les discussions ont porté sur la sécurité régionale, les investissements américains en Afrique et la lutte contre les trafics transfrontaliers. Le président Trump a insisté sur la nécessité de « partenariats solides avec des dirigeants responsables », mettant en avant la stabilité comme condition essentielle à toute coopération économique. De leur côté, les présidents africains ont exprimé leur volonté d’élargir les échanges avec les États-Unis dans des domaines tels que les infrastructures, l’énergie et la formation professionnelle.
Mais au-delà des discours convenus, cette rencontre révèle une manœuvre stratégique du président américain : rééquilibrer une politique africaine souvent jugée inconsistante, voire méprisante, depuis le début de son mandat. Conspué pour ses propos polémiques sur le continent, Trump cherche ici à rectifier l’image d’une Amérique indifférente aux réalités africaines, à l’heure où la Chine, la Russie, et la Turquie renforcent leur influence à coups d’investissements massifs et de diplomatie active.
La présence des cinq chefs d’État n’est pas anodine. Elle reflète une cartographie politique ciblée par Washington : des pays considérés comme relativement stables, coopératifs et stratégiques sur le plan géographique ou énergétique. Mais elle interroge aussi : qu’en est-il des grandes puissances africaines comme le Nigeria, l’Égypte ou l’Afrique du Sud, absentes de la table ? L’administration Trump semble ainsi préférer une diplomatie bilatérale opportuniste à une vision continentale cohérente.
Si cette initiative pourrait offrir des retombées économiques ponctuelles, elle ne suffira pas à elle seule à inverser une tendance plus profonde : celle d’un désintérêt américain croissant pour les enjeux africains. Pour les dirigeants du continent, cette rencontre est une opportunité. Pour Trump, c’est un pari politique : montrer qu’il peut encore être un acteur crédible sur la scène internationale, y compris en Afrique, là où son administration a souvent brillé par son silence.