Nouvel épisode dans la croisade judiciaire du président américain contre les médias : Donald Trump a demandé à un tribunal fédéral de Floride de contraindre Rupert Murdoch, propriétaire du Wall Street Journal, à témoigner dans un délai de quinze jours. Dans une requête transmise aux juges, les avocats de Trump invoquent l’âge avancé de Murdoch – 94 ans – et ses problèmes de santé présumés pour justifier cette audition anticipée. « Ces facteurs pèsent lourd dans la détermination que M. Murdoch pourrait être indisponible pour témoigner lors du procès », avancent-ils. Une stratégie que rejettent les avocats de la défense, qui y voient une manœuvre de pression sans fondement médical documenté.
La procédure judiciaire initiée par Trump remonte au 18 juillet. Le président accuse le Wall Street Journal de diffamation après la publication d’un article l’impliquant indirectement dans le réseau du financier déchu Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019 dans des circonstances controversées. Selon les extraits cités dans la plainte, le journal aurait évoqué des « rencontres répétées » entre Trump et Epstein, insinuant l’existence de liens personnels ou financiers entre les deux hommes. Des allégations que l’équipe présidentielle juge « malveillantes, diffamatoires et dénuées de toute base factuelle ».
Ce bras de fer judiciaire s’inscrit dans un contexte de relations déjà exécrables entre Donald Trump et les grands médias traditionnels américains. Si la chaîne Fox News, autre propriété du groupe Murdoch, a longtemps été perçue comme un relais favorable à l’ancien président, les relations se sont considérablement dégradées depuis les élections de 2020, marquées par des désaccords sur la couverture des résultats et des poursuites engagées contre des journalistes du groupe. Cette nouvelle plainte vise à frapper un coup symbolique et juridique contre un pilier de la presse économique et politique américaine.
En toile de fond, cette affaire souligne l’évolution d’une stratégie plus large de Trump visant à délégitimer les médias critiques et à consolider sa posture de président assiégé par « l’establishment » médiatique. La convocation anticipée de Murdoch, en dépit de son âge, illustre cette volonté d’user de tous les leviers juridiques pour transformer une affaire de presse en confrontation personnelle. Le tribunal doit désormais statuer dans les prochains jours sur l’opportunité d’ordonner la déposition du magnat australien, dont le témoignage, s’il a lieu, pourrait faire grand bruit dans le paysage médiatique et politique américain.