Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tehraoui, a affirmé que la décision de suspendre l’examen de plusieurs demandes de soutien déposées par des cliniques privées initialement destinées à encourager l’investissement dans le secteur de la santé s’inscrit dans le cadre d’une révision globale des relations entre l’État et le secteur privé de la santé, à la lumière de la nouvelle dynamique initiée par le chantier de la protection sociale universelle.
Le ministre a précisé, dans une émission spéciale diffusée par la chaîne 2M lundi soir 6 octobre 2025, que la suspension du soutien aux cliniques privées ne signifie pas une rupture avec le secteur privé ni une opposition à l’investissement, mais vise plutôt à réévaluer les bases des incitations publiques afin de les adapter aux profondes transformations du système de santé après la généralisation de la couverture médicale.
Il a expliqué : « Je n’ai pas arrêté le secteur privé, mais il y avait six ou sept demandes d’incitation à l’investissement devant la commission des investissements, dont certaines avaient déjà été approuvées. J’ai donc décidé de suspendre temporairement le processus pour revoir la manière dont ce soutien est accordé. »
Tehraoui a souligné que le secteur privé de la santé est aujourd’hui en position de force, grâce à la hausse de la demande sur les services médicaux liée à la généralisation de la protection sociale, ce qui lui confère une capacité d’investissement autonome rendant le soutien direct moins nécessaire. Toutefois, il a précisé que les exceptions concerneront les zones reculées ou peu attractives, où l’intervention publique demeure essentielle pour garantir l’équité territoriale dans l’accès aux soins.
Le ministre n’a pas caché ses critiques envers certaines pratiques du secteur privé, évoquant notamment le recrutement du personnel médical issu des hôpitaux publics par certaines cliniques, un comportement qu’il juge « déséquilibrant pour le système de santé et nuisible à la performance du service public ». Il a plaidé pour un modèle complémentaire et équitable entre les deux secteurs, garantissant la durabilité et la qualité du service public de santé.
Par ailleurs, Tehraoui a révélé que son ministère, en coordination avec la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), a entamé une révision du tarif de référence des médecins, devenu « inadapté à la réalité actuelle ». Ce chantier s’inscrit dans le cadre d’une réforme globale du système de remboursement et de prise en charge médicale, bien que la fixation du tarif de référence relève en principe des compétences de la Haute Autorité de la Santé.
Enfin, le ministre a annoncé le lancement d’un projet de numérisation de la feuille de soins, afin de simplifier les procédures et réduire la charge administrative pour les citoyens. Cette nouvelle plateforme numérique, prévue pour entrer en service en 2026, mettra fin aux démarches papier entre le médecin, la pharmacie et les autres intervenants du parcours de soins.
Ces déclarations interviennent alors que le débat se poursuit sur la nature du soutien public aux cliniques privées, après que l’Association nationale des cliniques privées a nié avoir reçu une quelconque aide, un fait que plusieurs observateurs interprètent comme un appel à plus de transparence et de clarification dans la relation entre l’État et les investisseurs du secteur de la santé.