La Tanzanie s’apprête à vivre un moment politique décisif. Ce mercredi 29 octobre 2025, plus de 37 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire le président, les membres de l’Assemblée nationale ainsi que les conseillers municipaux.
Pour la première fois, la présidente sortante Samia Suluhu Hassan se présente devant les électeurs. Devenue cheffe de l’État à la suite du décès de John Magufuli en 2021, dont elle était la vice-présidente depuis 2015, elle brigue aujourd’hui un premier mandat électif sous la bannière du Chama Cha Mapinduzi (CCM), parti au pouvoir depuis l’indépendance.
Face à elle, seize candidats tenteront de convaincre un électorat marqué par des divisions croissantes. Les deux principaux partis d’opposition, le Chadema et l’ACT-Wazalendo (Alliance pour le changement et la transparence), ont choisi de boycotter le scrutin, dénonçant un climat politique jugé répressif. Applaudie à son arrivée au pouvoir pour son ton conciliant et son ouverture au dialogue, Samia Suluhu Hassan fait désormais face à des critiques croissantes, liées à des arrestations d’opposants et à des restrictions des libertés publiques. Le chef du Chadema, Tundu Lissu, arrêté en avril dernier alors qu’il appelait à des réformes électorales, a été inculpé pour trahison.
Sur le terrain, les attentes demeurent fortes. « Ce que j’aimerais voir changer, c’est le système de santé », confie une partisane du CCM lors d’un rassemblement. « Les coûts sont trop élevés et de nombreuses familles s’endettent même après la mort d’un proche. » D’autres, séduits par les nouveaux visages de la scène politique, espèrent un renouveau. « Nos candidats sont jeunes et dynamiques ; nous voulons que des jeunes accèdent aux postes de direction pour apporter le changement », témoigne une sympathisante du CHAUMA.
La Commission électorale nationale a confirmé une hausse du nombre d’inscrits par rapport à 2020. Mais cette élection se déroulera sans la présence habituelle de nombreuses missions d’observation régionales et internationales, une décision qui suscite déjà interrogations et réserves sur la transparence du processus.