Le ton est monté, et le Brésil a tranché. Face aux menaces tarifaires imposées par l’administration Trump — notamment une surtaxe de 50 % sur plusieurs produits agricoles brésiliens — le président Luiz Inácio Lula da Silva a réagi avec fermeté. Qualifiant les mesures américaines d’« absurdes et unilatérales », il a affirmé que « le Brésil ne se laissera jamais dicter ses choix par un gringo ». Derrière cette déclaration offensive, c’est tout un rééquilibrage diplomatique qui se dessine : le Brésil, poussé par l’agressivité de Washington, se rapproche plus que jamais de Pékin.
La Chine, premier partenaire commercial du Brésil depuis plus d’une décennie, s’est imposée comme l’alternative évidente. En mai dernier, Lula a effectué une visite d’État hautement stratégique à Pékin, débouchant sur la signature de plus de 30 accords bilatéraux couvrant les secteurs de l’énergie, de l’agro-industrie, des infrastructures et des technologies numériques. Un bureau fiscal brésilien permanent vient également d’être ouvert à Pékin, destiné à faciliter les échanges et les investissements croisés. Ce rapprochement, jusque-là progressif, prend désormais une dimension clairement géopolitique.
Lula, qui revendique un positionnement multipolaire, affirme ne pas vouloir « choisir de camp », mais insiste sur le fait que le Brésil « ne peut dépendre des humeurs électorales d’un président étranger ». La politique erratique et punitive de Donald Trump, notamment envers les pays du Sud, semble avoir accéléré une bascule du Brésil vers une diplomatie d’autonomie stratégique. Pékin, de son côté, déroule le tapis rouge à Brasilia et pousse pour une intégration renforcée du Brésil dans des initiatives sud-sud, comme les BRICS+ et le Forum Chine-Amérique latine.
Ce rapprochement sino-brésilien ne se limite pas au domaine économique. Il illustre une recomposition des équilibres mondiaux, dans laquelle les puissances émergentes cherchent à se libérer des rapports de force imposés par Washington. En s’émancipant de l’influence américaine et en nouant une relation plus étroite avec la Chine, Lula envoie un message clair : le Brésil de 2025 entend peser sur la scène internationale, sans tutelle ni intimidation. Un choix de souveraineté qui redéfinit, en creux, les nouvelles lignes de fracture de la diplomatie globale.