Réduit à une seule journée à la demande de Pékin, le sommet entre l’Union européenne et la Chine s’est ouvert dans un climat de méfiance froide, reflet d’une relation de plus en plus déséquilibrée et minée par les tensions commerciales et stratégiques. Alors que 2025 marque le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Bruxelles et Pékin, aucun signe tangible de réchauffement ne semblait à l’ordre du jour. Les désaccords profonds sur le commerce, les aides d’État, les transferts technologiques et la posture chinoise vis-à-vis de la guerre en Ukraine ont relégué toute ambition de rapprochement à l’arrière-plan.
Au cœur du contentieux : un déficit commercial européen vis-à-vis de la Chine qui dépasse désormais les 300 milliards d’euros, dopé par l’arrivée massive de véhicules électriques chinois subventionnés et par des pratiques jugées déloyales par Bruxelles. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré vouloir “rééquilibrer” la relation et réclame davantage de réciprocité dans l’accès aux marchés. Pékin, pour sa part, campe sur une position défensive. Le président Xi Jinping a enjoint l’Union à faire les “bons choix stratégiques”, accusant à demi-mot l’Europe de suivre un agenda atlantiste contraire à ses propres intérêts.
À ces frictions économiques s’ajoutent des divergences géopolitiques de fond. L’Union reproche à la Chine son soutien implicite à la Russie, qu’elle considère comme un facteur de déstabilisation majeur du continent européen. Pékin, tout en se disant neutre, refuse de condamner Moscou et continue d’approfondir son partenariat stratégique avec Vladimir Poutine. Ce double discours alimente la méfiance des capitales européennes, convaincues que la Chine cherche à affaiblir l’ordre international libéral tout en exploitant les failles économiques occidentales à son avantage.
Seule lueur d’accord : une déclaration commune, encore en discussion, sur le climat et la transition énergétique, domaine où les deux blocs reconnaissent la nécessité d’une coopération malgré les différends. Mais dans l’ensemble, ce sommet s’apparente davantage à une rencontre de façade qu’à un véritable exercice diplomatique constructif. L’Union européenne, à la croisée des chemins entre une dépendance économique persistante et une volonté affirmée d’autonomie stratégique, ressort de Pékin sans illusion : les relations avec la Chine sont désormais fondées sur une coexistence contrainte, plus que sur une ambition commune. Le dialogue reste ouvert, mais l’ère de la confiance semble, elle, définitivement révolue.