RDC : les dirigeants africains lancent une initiative de paix unifiée pour l’Est du Congo

Face à une crise sécuritaire devenue l’un des conflits les plus meurtriers du continent, les dirigeants africains ont franchi un pas décisif ce vendredi en annonçant la mise en place d’une initiative de paix unifiée, pilotée par l’Union africaine (UA). Lors d’une réunion de haut niveau réunissant des représentants de l’UA, de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), les présidents William Ruto (Kenya) et Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe) ont proposé de fusionner les différentes structures de médiation existantes en un seul processus cohérent, sous l’égide d’Addis-Abeba.

« Il s’agit d’un tournant », a affirmé William Ruto, soulignant la nécessité de rationaliser les efforts de paix jusque-là dispersés entre plusieurs initiatives – Nairobi, Luanda, Doha – sans coordination réelle. « Il existe désormais un processus mené par l’Afrique, qui regroupe toutes les autres démarches dans un cadre unique pour traiter la situation dans l’est de la RDC », a-t-il déclaré, qualifiant la situation sur le terrain de « désastreuse », tant sur les plans sécuritaire qu’humanitaire. L’instabilité actuelle, a-t-il averti, dépasse les frontières de la RDC et du Rwanda pour menacer l’ensemble de la région des Grands Lacs.

Cette relance diplomatique s’inscrit dans un contexte où plusieurs jalons ont récemment été posés. En juillet, les rebelles du M23, soutenus tour à tour par Kigali et accusés par Kinshasa, ont signé une déclaration de principes en faveur d’un cessez-le-feu permanent. Ce texte, parrainé par le Qatar, a été salué par l’Union africaine comme une « étape majeure » dans le long processus de pacification de la région. La zone, riche en minerais stratégiques, est déchirée depuis des décennies par des conflits aux ressorts ethniques, géopolitiques et économiques entremêlés.

En parallèle, un accord distinct, négocié sous l’égide des États-Unis, a été signé à Washington au Département d’État, en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Encadrant les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC, Rubio a salué un « instant important après 30 ans de guerre ». Cette séquence diplomatique inédite illustre une rare convergence entre efforts africains et appui international, dans un conflit souvent négligé par les grandes capitales occidentales malgré ses conséquences humaines catastrophiques.

Avec plus de 7 millions de déplacés et des milliers de morts rien qu’en 2025, l’Est de la RDC est aujourd’hui l’un des théâtres les plus instables de la planète. L’initiative unifiée portée par l’Union africaine représente une tentative ambitieuse de reprendre en main la résolution d’un conflit qui, pendant trop longtemps, a été instrumentalisé de l’extérieur. Si elle réussit à instaurer une paix durable, elle pourrait devenir un modèle de diplomatie régionale pour d’autres foyers de crise sur le continent.

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