Quand l’irrespect brûle plus fort que la flamme

Le 4 août dernier, un Marocain de 47 ans, installé en France depuis l’enfance, a posé un geste qui défie l’entendement : s’agenouiller sous l’Arc de Triomphe pour allumer sa cigarette à la flamme éternelle du Soldat inconnu. Ce feu, ravivé chaque soir depuis 1923, est le cœur battant de la mémoire nationale française, un hommage silencieux aux millions de soldats tombés au champ d’honneur dont beaucoup de marocains d’ailleurs. En quelques secondes, l’homme a transformé ce sanctuaire de recueillement en simple briquet, provoquant un tollé légitime. Jugé pour violation de sépulture, il a été condamné à une peine avec sursis, tandis que les autorités ont enclenché la procédure de retrait de son titre de séjour avant son expulsion bien méritée !

En tant que Marocain, cette affaire m’attriste autant qu’elle m’indigne. Non seulement elle insulte la nation qui l’a accueilli, mais elle jette l’ombre de l’irrespect sur toute une communauté qui, pourtant, chérit profondément le sens des symboles. Car notre culture est façonnée par ces repères : le drapeau que l’on salue, le mausolée royal où l’on se recueille, les cimetières des martyrs où le silence est un devoir. Dans nos villes comme dans nos villages, ces lieux incarnent une mémoire commune qui ne se profane pas, qui ne se détourne pas pour un caprice.

On invoquera sans doute ses troubles psychiatriques ou un parcours chaotique. Mais certains gestes franchissent une ligne universelle. La flamme du Soldat inconnu n’est pas une curiosité touristique, encore moins un allume-feu improvisé : elle est un serment silencieux entre les vivants et les morts, une promesse de fidélité à la mémoire et au sacrifice. En la détournant ainsi, cet homme n’a pas seulement offensé la France ; il a donné au monde une image de notre communauté qui n’est pas la nôtre.

Nous, Marocains, savons que le respect des symboles d’autrui est indissociable du respect des nôtres. Ce geste, qui ne nous ressemble en rien, doit être dénoncé avec la même force que celle que nous mettrions à défendre notre drapeau ou nos lieux sacrés. Car il en va de notre honneur collectif : un honneur qui, lui, ne brûle jamais et ne s’éteint pas.

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