Ce dimanche à Turnberry, en Écosse, Donald Trump, président en exercice des États-Unis, a une nouvelle fois démontré sa capacité à imposer ses conditions à ses partenaires internationaux. L’accord commercial annoncé avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, en est l’illustration la plus éloquente : des droits de douane américains pouvant aller jusqu’à 15 % sur les produits européens, le maintien de taxes punitives sur l’acier et l’aluminium, et, en contrepartie, un engagement colossal de l’Union à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine, assorti d’investissements européens à hauteur de 600 milliards sur le sol américain. Derrière les apparences d’un compromis équilibré, c’est une victoire stratégique claire pour Washington.
L’attitude de Donald Trump, offensive et assumée, s’appuie sur une doctrine commerciale fondée sur la pression tarifaire et la primauté des intérêts américains. Ce n’est pas nouveau, mais ce qui frappe aujourd’hui, c’est la faiblesse de la réponse européenne. Face à un président américain qui n’hésite pas à instrumentaliser la puissance économique des États-Unis comme levier diplomatique, l’Union européenne s’est montrée incapable de faire front de manière unifiée. Là où Washington avance avec une seule voix, Bruxelles peine à masquer ses divisions internes, entre intérêts nationaux divergents et absence de stratégie commerciale commune à long terme.
Cette fragmentation européenne pèse lourd dans les négociations. Les critiques formulées par des responsables comme Bernd Lange ou le ministre finlandais Ville Tavio, inquiets des répercussions sur le PIB européen et sur la souveraineté technologique de l’UE, révèlent une fracture politique plus profonde. L’Europe n’est plus perçue comme un bloc solide capable de défendre ses priorités stratégiques, mais comme un marché ouvert et vulnérable, dont les décisions s’apparentent de plus en plus à des réponses contraintes plutôt qu’à des choix souverains.
Au fond, ce nouvel accord marque bien plus qu’un simple déséquilibre commercial : il consacre l’effacement progressif de l’Europe dans l’arène géoéconomique mondiale. Non pas par manque de moyens, mais par défaut de volonté politique et de cohérence institutionnelle. Pendant que Donald Trump trace sa route et redéfinit, à sa manière, les règles du jeu mondial, l’Union européenne semble résignée à subir. Dans un monde où seuls les blocs forts s’imposent, l’Europe court le risque de devenir ce qu’elle redoute le plus : une puissance périphérique.