Quand la politique rectifie les errements de l’Histoire : le parti de Zuma réoriente la boussole stratégique de l’Afrique du Sud depuis Rabat

En une déclaration aussi symbolique que retentissante, le parti sud-africain Umkhonto we Sizwe, dirigé par l’ancien président Jacob Zuma, a annoncé ce mardi 15 juillet depuis Rabat son soutien sans réserve à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara. Pour cette formation, il s’agit là de la seule solution réaliste et crédible pour clore un différend artificiellement entretenu, et ce dans le respect de la souveraineté du Maroc. Ce positionnement, inédit dans l’histoire politique sud-africaine, dépasse le simple alignement partisan : il marque un tournant géopolitique majeur qui consacre une lecture nouvelle, lucide et pragmatique, des priorités du continent africain.

Au sortir d’un entretien avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, Jacob Zuma n’a pas seulement salué la pertinence du projet marocain ; il a redéfini, avec une clarté politique rare, les urgences africaines. Selon lui, l’unité et la stabilité du continent doivent l’emporter sur les conflits fabriqués et les agendas étrangers qui divisent au lieu de rassembler. En soutenant l’initiative marocaine, Umkhonto we Sizwe — héritier d’un combat historique contre l’apartheid et le colonialisme — confère à cette adhésion une portée morale et stratégique de premier ordre. D’autant plus que l’Afrique du Sud a longtemps figuré parmi les bastions diplomatiques du front séparatiste. Ce revirement affaiblit donc considérablement la rhétorique de la “solidarité africaine” que l’Algérie instrumentalise pour légitimer son soutien au Polisario.

Ce soutien venu du cœur de l’Afrique du Sud donne corps à une idée de plus en plus affirmée : la question du Sahara n’est plus une affaire strictement marocaine, mais bien un enjeu continental qui appelle à une position commune des forces de progrès en Afrique. Face à cela, l’Algérie, dont la politique étrangère repose largement sur l’appui à la cause séparatiste, se retrouve confrontée à une érosion significative de ses soutiens traditionnels. Lorsqu’un parti aussi emblématique que Umkhonto we Sizwe s’affranchit de la ligne officielle de Pretoria pour embrasser la solution marocaine, c’est l’architecture même des alliances régionales patiemment construites par Alger qui commence à vaciller.

Plus encore, ce virage ouvre la voie à une recomposition politique intérieure en Afrique du Sud, où des voix s’élèvent déjà, y compris dans les rangs du parti au pouvoir, pour critiquer les coûts politiques et financiers d’un engagement dans des “causes étrangères au citoyen sud-africain”. Le geste du parti de Jacob Zuma doit être lu comme le signe d’une Afrique qui mûrit, qui dépasse les postures idéologiques d’un autre temps pour entrer dans l’ère du réalisme politique : celle où les alliances se jugent à l’aune des intérêts concrets des peuples, non plus des récits fossilisés de la guerre froide.

Le Maroc, qui parvient avec constance à s’infiltrer dans les mailles du tissu partisan sud-africain, engrange ici un soutien de qualité, dont la portée dépasse largement le cadre bilatéral. Ce soutien s’inscrit dans une dynamique de fond : celle qui vise à rééquilibrer les rapports de force au sein de l’Union africaine, où de plus en plus de voix appellent à réexaminer la présence d’un “pseudo-État” qui ne répond à aucune des exigences juridiques d’une entité souveraine. Le ralliement de Umkhonto we Sizwe n’est donc pas un simple effet d’annonce : c’est un marqueur de basculement, un jalon dans l’émergence d’un nouveau consensus africain, fondé sur la stabilité, la cohésion et le refus du gaspillage des ressources dans des querelles artificielles.

Dans cette dynamique, la diplomatie marocaine confirme une fois de plus son intelligence stratégique : elle ne se limite pas aux interlocuteurs officiels, mais dialogue avec l’ensemble des forces vives – partis, syndicats, associations, intellectuels – qui façonnent les opinions et peuvent infléchir les politiques publiques de l’intérieur. Chaque soutien sincère, qu’il vienne d’un parti ou d’un acteur influent, constitue une pierre de plus à l’édifice de la légitimité internationale. Et tant que la cause est juste, chaque reconnaissance, est une victoire. Une victoire du droit sur la manipulation, de la vérité sur les mirages, et surtout, une avancée vers la réhabilitation de la mémoire historique du Sahara marocain.

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