Longtemps perçu comme un document à mobilité restreinte, le passeport marocain connaît depuis quelques années une amélioration sensible de son rayonnement international. En 2025, il atteint la 67ᵉ place du classement Henley Passport Index, offrant à ses détenteurs l’accès sans visa ou avec visa à l’arrivée à 74 destinations. Cette progression, fruit d’un travail diplomatique patient et stratégique, marque une rupture avec les années 1990 et 2000, où le passeport marocain ne permettait l’entrée que dans un nombre très limité de pays, principalement en Afrique et dans le monde arabe. Désormais, la diplomatie marocaine capitalise sur son ouverture vers l’Asie, l’Amérique latine et certaines nations africaines pour élargir l’horizon de ses citoyens.
Cette percée n’est pas qu’un simple effet de classement : elle reflète des choix politiques orientés vers la diversification des alliances et le renforcement des accords bilatéraux. Alors que les grandes puissances raffermissent leurs frontières, le Maroc mise sur le soft power, la stabilité relative de ses institutions et sa politique de sécurité proactive pour se rendre éligible à des exemptions de visas. Dans un contexte mondial où la mobilité devient un enjeu géopolitique majeur, chaque place gagnée dans les classements internationaux pèse sur la perception d’un pays. Et pour les citoyens, notamment les étudiants, entrepreneurs ou touristes, cette avancée offre des perspectives concrètes d’accès facilité à de nouveaux marchés et opportunités.
À l’échelle régionale, le Maroc prend l’ascendant sur ses voisins. Le passeport tunisien, qui permet l’entrée dans environ 70 pays, reste derrière en termes de mobilité réelle, tandis que l’Algérie accuse un retard plus prononcé, avec un accès sans visa limité à une cinquantaine de destinations. L’Égypte, quant à elle, oscille autour de la 80ᵉ position. Ce décalage met en lumière une réalité géopolitique : le passeport devient un indicateur de la qualité diplomatique, du niveau de confiance internationale, et du positionnement stratégique d’un État sur l’échiquier mondial.
Mais le chemin vers les standards des passeports les plus puissants reste long. Pour espérer intégrer le top 50 mondial, le Maroc devra renforcer ses négociations avec des partenaires majeurs comme l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada ou le Japon. Il devra aussi maintenir un niveau élevé de sécurisation documentaire et de coopération migratoire. Dans un monde où la libre circulation est de plus en plus conditionnée à la stabilité interne et à la rigueur administrative, le passeport marocain devient bien plus qu’un outil de voyage : il est le reflet d’une ambition nationale, d’une stratégie diplomatique affirmée, et d’un désir croissant de mobilité pour une jeunesse qui regarde au-delà des frontières.