L’Ouganda s’apprête à revivre une confrontation politique aussi tendue que symbolique : Yoweri Museveni, 79 ans, au pouvoir depuis 1986, a annoncé son intention de se représenter à la présidentielle de janvier 2026. Face à lui, une figure de plus en plus incontournable de l’opposition : Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine, chanteur devenu député puis principal adversaire politique du régime. Le duel annoncé entre ces deux figures que tout oppose pourrait bien être l’un des moments les plus décisifs de l’histoire politique ougandaise contemporaine.
Yoweri Museveni, vétéran de la politique africaine, dirige le pays d’une main de fer depuis près de quatre décennies. Artisan d’une relative stabilité dans les années 1990, il est aussi accusé d’avoir étouffé les libertés, militarisé le pouvoir et modifié la Constitution pour se maintenir au sommet. Son parti, le Mouvement de Résistance Nationale (NRM), contrôle l’appareil d’État, les forces de sécurité et les ressources économiques. Sur le plan international, Museveni reste un partenaire stratégique pour les puissances occidentales dans la lutte contre le terrorisme, malgré de vives critiques sur les droits humains.
En face, Bobi Wine incarne une nouvelle génération qui rêve d’alternance et de justice sociale. Avec un discours direct, un style populaire et une proximité avec les réalités des jeunes Ougandais, il a su rallier une large partie de l’électorat urbain et les classes moyennes éduquées. Son parti, la Plateforme de l’Unité Nationale (NUP), bien que jeune, est devenu une véritable force politique. Mais Wine doit composer avec une répression constante : arrestations, interdictions de manifestations, coupures d’internet… La présidentielle de 2021, qu’il avait contestée en dénonçant une fraude massive, s’était soldée par une victoire contestée de Museveni.
L’enjeu de 2026 dépasse une simple alternance politique : il s’agit d’un véritable test de résilience démocratique pour l’Ouganda. Le pays fait face à un chômage endémique, une dette publique croissante et des tensions régionales. La frustration des jeunes, qui représentent plus de 75 % de la population, alimente le soutien à l’opposition, mais le contrôle autoritaire du système par le régime reste un obstacle majeur à une transition pacifique. L’armée, colonne vertébrale du pouvoir, joue plus que jamais un rôle central dans l’équilibre électoral à venir.
Alors que la campagne s’annonce féroce, la communauté internationale observe avec attention. Museveni, maître du jeu depuis si longtemps, semble déterminé à durer. Bobi Wine, malgré les intimidations, affirme qu’il ne cédera pas. Entre un pouvoir enraciné et une jeunesse assoiffée de changement, l’Ouganda est à la croisée des chemins. La présidentielle de 2026 pourrait bien sceller le sort d’un pays pris entre deux visions irréconciliables de son avenir.