L’annonce par le roi Mohammed VI du lancement de consultations nationales visant à actualiser l’Initiative d’autonomie, à la suite de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, marque un tournant majeur dans le dossier du Sahara marocain. Plus qu’un simple geste institutionnel, il s’agit d’un moment politique structurant qui redéfinit les contours de l’approche nationale autour de cette question stratégique. Après que l’ONU a de nouveau salué le sérieux et le réalisme du plan marocain, l’initiative royale donne à cette reconnaissance internationale une traduction concrète au niveau interne, en érigeant l’autonomie en projet partagé, ouvert à toutes les forces vives du pays.
Le communiqué du Cabinet royal, relatant la réunion tenue entre les conseillers du Souverain et les dirigeants des partis politiques, confère à cette démarche une dimension institutionnelle renouvelée. En invitant les formations politiques à prendre part à la modernisation de la proposition d’autonomie, le Roi inaugure une phase participative où la question nationale se replace au cœur du débat collectif. Le dossier du Sahara ne relève plus uniquement de la diplomatie officielle : il devient un chantier national où les acteurs politiques sont appelés à enrichir et renforcer le consensus interne, en passant d’une adhésion symbolique à une contribution active.
Ce choix monarchique reflète la confiance accordée à la classe politique dans la gestion des dossiers de souveraineté, mais également la nature inclusive de la monarchie marocaine, qui opte pour la mobilisation collective plutôt que pour la décision unilatérale. Le fait de demander aux partis d’élaborer des mémorandums et des propositions concrètes inscrit ce processus dans une logique de co-construction, faisant de l’initiative d’autonomie non plus un schéma figé, mais un cadre évolutif nourri par l’intelligence nationale.
Sur la scène internationale, ce mouvement envoie un signal clair : l’autonomie n’est pas pour Rabat une posture de négociation, mais un projet souverain en constante maturation, porté par une volonté interne ferme. Face aux logiques de blocage régionales qui cherchent à maintenir le conflit dans une dynamique d’affrontement, le Maroc démontre qu’il envisage ce dossier comme un levier de modernisation politique, fondé sur une large décentralisation et sur la participation démocratique des populations du Sud à la gestion de leurs affaires. Une vision qui dépasse le registre de la défense pour entrer dans celui de la construction d’un modèle territorial avancé, unique dans la région.
Ces consultations nationales ne prolongent pas seulement l’esprit de l’Initiative de 2007 — elles l’actualisent, l’enrichissent et l’adaptent aux mutations géopolitiques contemporaines. Dans cette nouvelle séquence, le Maroc ne cherche pas uniquement à convaincre la communauté internationale du bien-fondé de sa position : il consolide son front intérieur, renforce son unité nationale et transforme le consensus sur le Sahara en dynamique institutionnelle créative. L’autonomie devient ainsi l’expression d’une confiance renouvelée du pays en sa vision, en son modèle et en son avenir.