L’armée malienne a récemment annoncé la saisie d’une vingtaine de véhicules gonflables, soupçonnés d’être destinés à des groupes armés opérant dans le nord du pays. Ces leurres, qui imitent visuellement des véhicules tout-terrain de type Land Cruiser, auraient pour objectif de déjouer les frappes de drones en les incitant à gaspiller des munitions coûteuses sur des cibles factices.
« Ces structures gonflables coûtent environ 1 300 dollars pièce. Comparé au prix d’un véhicule réel ou aux pertes humaines que peuvent provoquer les drones, c’est une option relativement économique », explique Rida Lyammouri, spécialiste du Sahel au Policy Center for the New South. Selon lui, cette stratégie vise à limiter l’efficacité croissante des drones maliens et burkinabés dans les zones de conflit.
Les autorités militaires n’ont pas précisé la date ni le lieu exact de la saisie, invoquant les besoins de l’enquête en cours. Toutefois, des sources sécuritaires estiment que ce matériel aurait transité par des pays côtiers voisins, avant de remonter vers les zones sous tension. Rida Lyammouri évoque deux groupes susceptibles d’avoir recours à ce type de subterfuge : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) et le Front de libération de l’Azawad (FLA), tous deux régulièrement visés par les frappes aériennes.
Un cadre du FLA a d’ailleurs confirmé, sous couvert d’anonymat, que son mouvement utilise ces véhicules gonflables depuis novembre dernier dans la région de Kidal. Il affirme avoir échappé à trois attaques de drones maliens au cours des douze derniers mois, ce qui témoigne de l’intensification des moyens technologiques dans le conflit qui secoue le nord du pays.
Cette saisie inédite met en lumière l’évolution des tactiques de guerre asymétrique au Sahel, où l’ingéniosité des groupes armés rivalise désormais avec les technologies militaires les plus avancées.