Après plusieurs semaines marquées par une pénurie sévère, Bamako avait enfin retrouvé un semblant de normalité fin novembre. Les stations-service, autrefois submergées par d’interminables files d’attente, avaient recommencé à servir les clients sans difficulté. Cette amélioration faisait suite à un accord signé le 21 novembre entre le gouvernement malien et les groupements pétroliers, permettant d’accélérer le dédouanement des camions-citernes. Pendant quelques jours, la circulation avait repris son rythme habituel, signe d’un retour progressif à la stabilité énergétique.
Dans ce contexte d’incertitude, un phénomène marquant a émergé : l’essor rapide des motos électriques. De nombreux habitants de Bamako, lassés des ruptures d’essence et des longues heures perdues à chercher du carburant, se tournent vers ces modèles alternatifs. Leur autonomie qui se situe entre 80 et 140 kilomètres et la possibilité de les recharger même lorsque l’électricité est instable séduisent une partie de la population. Toutefois, leur coût élevé et leur fragilité technique par rapport aux motos thermiques restent des obstacles majeurs, même si certains y voient une piste d’avenir en cas de soutien public.
Mais alors que la capitale semblait sur la voie de la stabilité, la situation s’est de nouveau compliquée début décembre. À partir du 3 décembre, plusieurs stations ont fermé ou limité leur distribution, et les longues queues ont refait surface. Des habitants témoignent de scènes de tensions, dont des bagarres liées au manque de carburant. Les difficultés persistent également dans certaines régions où l’approvisionnement reste irrégulier depuis le blocus jihadiste imposé par le JNIM début septembre.
Face aux inquiétudes croissantes, les autorités de transition ont tenté de rassurer la population. Par communiqué, elles ont dénoncé la diffusion de « fausses informations » destinées, selon elles, à semer la panique. Le comité interministériel chargé de la gestion des crises assure que les camions-citernes continuent d’arriver sous escorte militaire et que l’approvisionnement des stations-service se déroule normalement. Malgré ces déclarations, les réalités vécues par les Bamakois indiquent une situation encore fragile, où la normalisation reste difficile à garantir.