À Lilongwe, la capitale du Malawi, les files interminables devant les stations-service sont devenues une scène quotidienne, reflet d’un pays à bout de souffle. La veille des élections générales, ce lundi, automobilistes et motocyclistes se pressaient dans l’espoir d’obtenir quelques litres de carburant, souvent insuffisants pour couvrir leurs besoins.
Dans un pays déjà étranglé par une inflation galopante et la pénurie de produits essentiels, la crise énergétique cristallise le malaise. « C’est insoutenable. Aujourd’hui, je voulais faire le plein, mais on ne m’a donné que 15 litres. Je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir avec si peu », témoigne, amère, Stephanie Chiya, habitante de Lilongwe, consciente que cette rareté paralyse aussi bien les foyers que l’économie nationale.
Au-delà des pompes à essence, c’est tout un quotidien fragilisé qui nourrit la colère. Coupures d’électricité récurrentes, explosion des prix alimentaires, chômage persistant : autant de maux qui sapent la confiance de la population dans le pouvoir en place. « Je veux changer ce gouvernement. Je suis fatigué, j’en pleure. Il n’y a pas de carburant, pas de nourriture. Nous n’en pouvons plus », lâche avec émotion Felix Kachulu, un autre résident de la capitale.
Le scrutin de ce mardi revêt donc une importance capitale. Les électeurs doivent désigner le président, les députés et les conseillers municipaux. C’est le premier rendez-vous national depuis l’annulation du scrutin présidentiel de 2019 et sa reprise en 2020, un épisode qui avait marqué un tournant démocratique majeur dans l’histoire du pays. Comme il y a cinq ans, le duel oppose de nouveau le président sortant Lazarus Chakwera à son prédécesseur Peter Mutharika, dans une atmosphère tendue où beaucoup voient dans le vote une ultime chance de relancer le Malawi.