La Guinée-Bissau traverse une nouvelle phase de turbulences politiques après la prise de pouvoir par les militaires en pleine attente des résultats des élections du 23 novembre. Le renversement du président Umaro Sissoco Embaló a poussé l’Union Africaine à suspendre immédiatement le pays de toutes ses instances ce vendredi 28 novembre dénonçant une rupture grave de l’ordre constitutionnel. La décision s’inscrit dans une vague de condamnations internationales qui soulignent le risque d’une transition imposée au mépris du processus électoral.
À Bissau, les forces armées ont rapidement installé un nouvel appareil de gouvernance. Le général Horta N’Tam, ancien chef d’état-major de l’armée de terre, a été désigné pour diriger la transition, annoncée pour une durée d’un an. Il a nommé Ilidio Vieira Té au poste de Premier ministre. Pendant ce temps, le président déchu a trouvé refuge au Sénégal, où les autorités ont laissé entendre que le putsch visait à interrompre l’annonce imminente des résultats électoraux.
Sur le terrain, la vie quotidienne tente de reprendre malgré les arrestations et les tensions. Selon les Nations Unies, plusieurs responsables politiques et membres de l’opposition sont détenus depuis le renversement, suscitant des inquiétudes sur le respect des droits humains. Les marchés ont rouvert et les restrictions imposées au lendemain du coup d’État ont été allégées, même si une partie de la population affirme que l’activité économique reste paralysée par l’incertitude.
Ce nouveau coup de force confirme la fragilité chronique de la Guinée-Bissau, un pays marqué depuis des décennies par les putschs, la pauvreté extrême et l’influence des réseaux de narcotrafic opérant entre l’Amérique latine et l’Europe. Alors que la Cedeao et l’ONU réclament un retour rapide à l’ordre constitutionnel, le pays s’ajoute à la liste grandissante des États africains suspendus par l’Union Africaine après des changements de pouvoir menés par des militaires.