L’Ukraine a rejeté, mardi 3 juin 2025, ce qu’elle a qualifié de conditions de paix « irréalistes » présentées par la Russie lors d’un nouveau cycle de négociations tenu à Istanbul, la veille, lundi 2 juin 2025, estimant qu’elles ne contribuent en rien à mettre fin à une guerre qui dure depuis plus de deux ans. Le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiha, a déclaré dans des propos publiés sur la plateforme X que Moscou avait ignoré les propositions constructives de son pays, leur préférant « une série d’ultimatums bien connus à l’avance », affirmant que la délégation russe n’avait apporté aucun contenu concret, ni pendant la réunion, ni après.
Alors que le Kremlin exprimait son pessimisme quant à la possibilité de parvenir à un accord prochainement, son porte-parole Dmitri Peskov a affirmé que le règlement du conflit ukrainien était « une question extrêmement complexe » nécessitant le traitement de nombreux détails sensibles, appelant à ne pas se précipiter dans l’attente de percées politiques. Peskov a par ailleurs écarté la tenue d’une éventuelle rencontre tripartite entre les présidents Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump, malgré les signaux d’ouverture de la Maison-Blanche à cette idée.
Malgré une atmosphère tendue, les négociations ont donné lieu à une rare initiative humanitaire, avec un accord sur l’échange des dépouilles de 6 000 soldats tombés au combat, ainsi qu’un accord de principe sur un échange de prisonniers, axé sur les blessés et les jeunes militaires. Toutefois, ces gestes n’ont pas réussi à masquer la profondeur des divergences politiques et militaires entre les deux parties, divergences ravivées avec plus d’intensité après l’annonce par la Russie d’un projet de document contenant des propositions pour un cessez-le-feu.
Il convient de noter que le document russe présenté lors des pourparlers proposait deux principales options pour l’Ukraine. La première consiste en un retrait complet des forces ukrainiennes des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, en échange d’un cessez-le-feu de 30 jours. La seconde option incluait un ensemble de conditions politiques et sécuritaires, parmi lesquelles : l’interdiction de redéploiement de l’armée ukrainienne, la fin de la mobilisation générale, l’interdiction de toute présence militaire étrangère, l’arrêt de l’aide occidentale, la cessation des actes de sabotage contre la Russie, une amnistie réciproque pour les prisonniers politiques, la levée de la loi martiale, et l’organisation d’élections dans les 100 jours suivant cette levée. Kiev a qualifié ces conditions de violations de sa souveraineté, estimant qu’elles constituent une solution unilatérale servant uniquement les intérêts de Moscou.