Au cœur d’une ambiance envoûtante entre les colonnes de la citadelle romaine de Baalbek, les Festivals internationaux de Baalbek ont ouvert leur édition estivale avec une spectaculaire représentation de l’opéra Carmen, dans une version libanaise unique. Le metteur en scène libano-brésilien George Tawkla a revisité ce classique avec une touche orientale et un message fort de résistance face à la peur, la faim et l’injustice. Plus de 2200 spectateurs, venus de tout le Liban ainsi que de la communauté européenne locale, ont assisté à cette performance saluée par des applaudissements nourris qui ont duré plusieurs minutes, témoignant du succès retentissant de cet événement culturel.
Cette adaptation de Carmen à Baalbek porte clairement l’empreinte libanaise, tant au niveau musical que scénique. George Tawkla a fait appel à des artistes libanais pour le chant et la comédie, avec la participation du chœur de l’Université Antonine sous la direction du maestro Tawfiq Maatouk. La mezzo-soprano française Marie Gauthreau a interprété le rôle de Carmen, tandis que des artistes libanais tels que Fadi Janmbar et Grace Madour ont tenu des rôles majeurs. Le designer Rabih Kiroz a créé des costumes inspirés du patrimoine libanais, réinterprétés avec une modernité vibrante. Les projections lumineuses, signées par l’artiste Nabil Nahas, ont magnifiquement illustré le déroulement de l’intrigue sur les murs antiques de la citadelle.
Ce spectacle s’est tenu dans un contexte sécuritaire toujours fragile, avec des frappes israéliennes encore signalées dans les environs de Baalbek malgré un cessez-le-feu déclaré en novembre 2024. Néanmoins, les organisateurs ont tenu à maintenir la représentation dans cette forteresse, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et récemment dotée d’une protection temporaire renforcée suite à des attaques visant des sites archéologiques voisins. L’événement a ainsi été perçu comme un symbole de résilience culturelle face à la violence, et le réalisateur George Tawkla a reçu la médaille de mérite des mains de l’État libanais, en reconnaissance de son exploit artistique accompli dans des conditions particulièrement difficiles.