L’Europe débordée, l’Afrique désespérée : la tragédie migratoire en Méditerranée

La Crète, l’une des îles les plus touristiques de Grèce, est aujourd’hui le théâtre d’un autre visage de la Méditerranée : celui du désespoir des migrants africains. Chaque jour, des embarcations en provenance de l’est de la Libye accostent ses rivages, transportant des hommes, des femmes et des enfants qui ont fui la guerre, la pauvreté ou l’instabilité politique. Pour beaucoup, ce voyage périlleux est un dernier espoir, mais il se heurte désormais à un mur de plus en plus infranchissable.

Selon les autorités grecques, 27 % de ces migrants sont originaires du Soudan et 47 % d’Égypte. Des pays où l’insécurité, les crises économiques et l’absence de perspectives poussent les populations à tout risquer pour une vie meilleure. Pourtant, à leur arrivée, l’accueil se transforme vite en désillusion : infrastructures saturées, procédures accélérées d’expulsion, et pour nombre d’entre eux, l’impossibilité même de voir leur demande d’asile examinée.

« Il y a un autre bateau à Gavdos. Nous attendons son arrivée, sans connaître le nombre exact de migrants à bord, mais ils viendront s’ajouter aux 1 139 déjà présents aujourd’hui. C’est une situation très frustrante », témoigne Eleni Zervoudaki, adjointe au maire de La Canée chargée de la politique sociale. Les autorités locales avouent leur impuissance, tandis qu’Athènes a décidé de déployer trois navires de guerre pour tenter de freiner les départs depuis la Libye.

Le Parlement grec, de son côté, a voté le 3 septembre un durcissement de la législation : sanctions renforcées pour les demandeurs d’asile déboutés, expulsions accélérées et suspension de l’examen des dossiers provenant de plusieurs pays d’Afrique du Nord. Mais face à l’ampleur du flux migratoire, il serait difficile de reprocher à l’Europe sa fermeté : ses capacités d’accueil sont débordées, et chaque nouveau débarquement souligne l’écart dramatique entre l’espoir des migrants et la réalité qui les attend.

Ainsi, la Crète devient le miroir cruel d’un malheur plus vaste : celui d’une jeunesse africaine qui, faute d’avenir dans son pays, ne trouve en Europe ni terre promise, ni refuge, mais le rappel amer d’un monde incapable d’absorber le flot grandissant de l’exil

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