Jeudi, Donald Trump a signé un décret abaissant de manière significative les droits de douane réciproques avec le Lesotho, les fixant à 15 % contre 50 % initialement. Ce rétropédalage survient après plusieurs mois de tensions commerciales, durant lesquels Washington accusait Maseru d’imposer des droits de douane prohibitifs – jusqu’à 99 % selon l’administration américaine – sur certaines exportations en provenance des États-Unis. Une affirmation vivement contestée par les autorités du Lesotho, qui dénonçaient une lecture erronée de leurs régulations commerciales.
Mais entre-temps, le mal était fait. L’annonce des représailles tarifaires américaines avait eu un effet immédiat sur l’économie déjà fragile de ce petit royaume d’Afrique australe, entièrement enclavé dans le territoire sud-africain. Très dépendant du secteur textile – principal pourvoyeur d’emplois formels – le Lesotho avait vu plusieurs importateurs américains annuler leurs commandes, plongeant des centaines de travailleurs dans l’incertitude. Des licenciements en cascade ont touché des zones industrielles entières, révélant la vulnérabilité d’un modèle économique extrêmement exposé aux fluctuations extérieures.
Le geste d’apaisement opéré par Trump, inscrit dans un décret plus large touchant plusieurs pays en développement, semble répondre autant à des pressions économiques qu’à des considérations diplomatiques. Mais il intervient tardivement pour une économie lesothienne aux marges budgétaires réduites, privée de toute capacité à mener une contre-offensive commerciale. Sans accès à la mer, sans industrie lourde, et dépendante des transferts de fonds et des exportations de vêtements, le Lesotho illustre la position inconfortable des petits États face à la politique commerciale agressive de Washington.
Ce bras de fer asymétrique soulève une nouvelle fois la question de l’équité dans les relations commerciales internationales. À l’heure où les grandes puissances utilisent les droits de douane comme levier de pression, les économies les plus fragiles, elles, se retrouvent prises au piège – victimes collatérales de jeux géopolitiques qui les dépassent. Pour le Lesotho, l’épisode sonne comme un avertissement : dans le monde des géants, la moindre turbulence peut devenir une crise systémique.