Les Assises nationales sur l’intelligence artificielle : le Maroc vers une souveraineté numérique équitable et inclusive

Le mardi 1er juillet 2025, Amel Falah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a affirmé que le Maroc aspire à devenir une plateforme régionale de dialogue sur l’intelligence artificielle, un producteur de bonnes pratiques en la matière, ainsi qu’un défenseur du renforcement des capacités numériques des pays frères, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud fondée sur la confiance et l’égalité.
La ministre a souligné que la stratégie nationale « Maroc numérique 2030 » a marqué un tournant dans le processus de transformation numérique, tout en insistant sur la nécessité de la faire évoluer à la lumière des mutations rapides imposées par les technologies de l’intelligence artificielle.

Dans son discours d’ouverture aux Assises nationales sur l’intelligence artificielle, organisées par le ministère sur deux jours, Mme Seghrouchni a expliqué que le Maroc considère l’organisation de la Coupe du monde 2030 comme une opportunité stratégique pour tester des applications de l’intelligence artificielle dans des domaines clés tels que le transport, la sécurité, la santé, le tourisme et les services interactifs. Elle a également appelé à renforcer les capacités des petites et moyennes entreprises dans ce domaine, en tant que piliers centraux de l’économie nationale et acteurs clés de la réussite de cette transformation.

Mme Seghrouchni a affirmé que l’intelligence artificielle n’est plus un simple composant technique du processus de numérisation, mais qu’elle est devenue un moteur qui redéfinit la structure de l’administration, les méthodes de prise de décision, ainsi que la nature de la relation entre l’État et la société. Elle a ajouté que le développement rapide de ce domaine impose deux responsabilités aux institutions publiques : éviter de s’enfermer dans des visions traditionnelles dépassées, et repenser la stratégie nationale pour faire de l’intelligence artificielle un outil global au service des politiques publiques.

Elle a insisté sur la nécessité d’intégrer l’intelligence artificielle dans la vision stratégique nationale, comme condition essentielle de la souveraineté numérique, tout en veillant à ce que la technologie reste encadrée par des valeurs éthiques et démocratiques. Selon elle, le véritable enjeu aujourd’hui n’oppose pas le numérique au non-numérique, mais ceux qui accompagnent la transformation profonde de l’intelligence artificielle à ceux qui la perçoivent encore comme un pari lointain ou un luxe réservé à une élite. Elle a précisé que son ministère ne considère pas l’IA comme une simple solution technique, mais comme une responsabilité institutionnelle majeure, nécessitant une refonte des outils de prise de décision et une modernisation des modes de gestion administrative.

Dans ce contexte, Mme Seghrouchni a souligné la volonté claire de faire de l’intelligence artificielle un levier de justice sociale, en améliorant la qualité des services publics et en élargissant leur accessibilité, notamment dans les zones reculées, en permettant aux populations vulnérables de bénéficier de la transformation numérique, et en soutenant les startups marocaines dans le développement de solutions intelligentes locales adaptées aux besoins du marché national et visant à étendre l’usage des outils numériques dans les secteurs essentiels.

Elle a conclu en évoquant les défis structurels que ce changement impose, parmi lesquels : le risque de biais algorithmiques dans les services destinés aux populations fragiles, l’absence de mécanismes institutionnels de reddition de comptes concernant les algorithmes utilisés dans des décisions affectant les individus, ainsi que le déplacement invisible du centre de décision vers des couches numériques opaques, pouvant affaiblir la transparence et perturber le principe de responsabilité publique.
Elle a également mis en garde contre le déficit de compétences numériques dans le secteur public, qui engendre une dépendance technique et intellectuelle vis-à-vis de fournisseurs étrangers, appelant à corriger ce déséquilibre pour garantir une transition numérique souveraine et équitable.

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