Le procès pénal du premier vice-président suspendu du Soudan du Sud, Riek Machar, s’est ouvert lundi à Juba, la capitale. Assigné à résidence depuis mars, l’opposant est apparu pour la première fois en public, enfermé dans une cage aux côtés de sept co-accusés. L’affaire est retransmise en direct sur la télévision nationale, marquant un tournant politique majeur dans un pays fragilisé par des années de guerre civile.
Le président Salva Kiir avait suspendu Machar de ses fonctions au début du mois, à la suite de poursuites engagées pour son rôle présumé dans l’attaque d’une garnison de l’armée gouvernementale en début d’année. Outre la trahison, Machar est poursuivi pour crimes contre l’humanité, meurtre, conspiration, terrorisme ainsi que destruction de biens publics et de matériel militaire.
Dès l’ouverture du procès devant un tribunal spécial, la défense a dénoncé une juridiction « incompétente ». Les avocats de Machar estiment que ces poursuites violent l’esprit de l’accord de paix signé en 2018 entre Kiir et son rival, accord qui avait mis fin à une guerre civile ayant fait près de 400 000 victimes. Selon eux, cet accord, parrainé par des médiateurs régionaux et internationaux, constitue toujours le socle juridique du gouvernement de transition, et garantit à Machar son poste de vice-président. Ils ont mis en garde contre le risque d’un retour à une guerre totale, alors que des combats opposent déjà l’armée régulière à des groupes armés considérés comme proches de Machar.
Cette confrontation judiciaire réactive les fractures politiques et ethniques du pays. Salva Kiir, issu du groupe Dinka, et Riek Machar, membre du groupe Nuer, étaient autrefois alliés à la tête du mouvement rebelle qui a conduit à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, avant de devenir des adversaires irréconciliables. Le procès doit reprendre mardi, dans un climat de tension extrême, alors que la stabilité du plus jeune État du monde apparaît de nouveau menacée.