Le Mexique accuse Adidas d’avoir usurpé des motifs traditionnels et exige le retrait d’un produit controversé

Les autorités mexicaines ont accusé la marque mondiale de vêtements de sport Adidas d’avoir copié les créations d’artisans du sud du pays, après le lancement d’une nouvelle sandale baptisée Oaxaca Slip-On, jugée trop proche de la chaussure traditionnelle connue sous le nom de huarache, fabriquée par les communautés autochtones. L’affaire a suscité des accusations d’« appropriation culturelle », tandis que les autorités locales ont exigé le retrait immédiat du produit des marchés.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a révélé, vendredi dernier, qu’Adidas avait entamé des discussions avec les autorités de l’État d’Oaxaca afin de verser des compensations aux personnes lésées par cette violation de leurs droits, tout en précisant que le gouvernement prépare des réformes légales pour éviter la répétition de tels abus. Le design incriminé, créé par l’Américain Willy Chavarria pour Adidas Originals, reprend les lanières tressées en cuir typiques du huarache traditionnel, mais avec l’ajout d’une semelle épaisse de style sportif au lieu de la semelle plate en cuir.

Selon les autorités mexicaines, le modèle intègre des éléments du patrimoine culturel des communautés zapotèques d’Oaxaca, en particulier du village de Villa Hidalgo Yalalag. L’artisanat est une source de revenus essentielle au Mexique, représentant environ un demi-million d’emplois et jusqu’à 10 % du PIB dans des États comme Oaxaca, Jalisco, Michoacán et Guerrero.

Dans un reportage, l’artisane Frediana Jarquín García, fabricante et vendeuse de huaraches dans la capitale d’Oaxaca, a qualifié le produit Adidas de « copie bon marché » du travail des artisans locaux, estimant que « l’art se perd et les traditions s’effacent » à cause des pratiques des grandes entreprises mondiales. De son côté, le gouverneur de l’État, Salomón Jara Cruz, a dénoncé le design, affirmant que l’inspiration créative ne justifie pas l’exploitation de manifestations culturelles qui donnent leur identité aux communautés.

Cette polémique s’inscrit dans un effort plus large du gouvernement mexicain pour lutter contre les marques de mode internationales accusées de s’approprier des motifs traditionnels. En 2021 déjà, le gouvernement avait demandé à des géants comme Zara de fournir des explications publiques sur l’utilisation de designs issus de communautés d’Oaxaca, dans le but de protéger le patrimoine national contre l’exploitation commerciale.

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