En Afrique du Sud, les plages de Stony Point, à une centaine de kilomètres du Cap, attirent chaque année des milliers de touristes venus admirer les manchots africains se dandiner au soleil. Mais derrière cette image pittoresque se cache une réalité inquiétante : l’espèce est au bord de l’extinction.
Classé en danger critique par l’UICN depuis 2024, le manchot africain ne compte plus que moins de 19 800 individus dans le monde. Un effondrement spectaculaire pour un oiseau dont les populations se chiffraient en millions de couples dans les années 1920, et qui ne dépassent plus aujourd’hui les 10 000 couples.
Cette chute vertigineuse traduit une crise plus large de l’écosystème marin. Les manchots dépendent des sardines et des anchois, dont les stocks diminuent sous l’effet de pratiques de pêche intensives et non durables. Selon le WWF, la famine est désormais la principale cause de mortalité de l’espèce.
Des ONG comme SANCCOB et les autorités locales tentent de freiner l’hémorragie : renforcement des nids, installation d’habitats artificiels, soins et réhabilitation d’oiseaux blessés ou affaiblis. En mars 2025, un tribunal a même contraint le gouvernement à instaurer une zone de protection interdisant la pêche dans un rayon de 20 kilomètres autour des principales colonies, afin de garantir une ressource alimentaire aux jeunes manchots.
Ces mesures restent toutefois fragiles face à l’urgence. Sans un engagement plus ferme et durable, préviennent les experts, le manchot africain pourrait avoir disparu d’ici une dizaine d’années, privant les plages sud-africaines de l’un de leurs emblèmes les plus attachants.