Face à l’aggravation de la crise du chômage chez les jeunes diplômés universitaires au Maroc, l’Organisation Démocratique du Travail (ODT) tire la sonnette d’alarme, évoquant une « catastrophe sociale et économique imminente ». Selon la syndicat, les espoirs et ambitions de milliers de diplômés s’amenuisent sous la pression d’un marché de l’emploi saturé et de l’absence de postes stables. Les chiffres officiels révèlent une situation alarmante : le taux de chômage dépasse 25 % chez les diplômés, atteint 33,3 % chez les jeunes femmes universitaires, et grimpe à 35,8 % chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. L’ODT appelle à une intervention urgente et décisive des autorités.
Pour atténuer les effets de cette crise, la syndicat demande la mise en place d’un décret garantissant aux jeunes diplômés des allocations chômage au moins égales au salaire minimum, ainsi que des compensations pour la perte d’emploi. Elle dénonce l’inefficacité des programmes gouvernementaux actuels tels que « Ouarrach » et « Intilaka », qu’elle qualifie de solutions temporaires et insuffisantes, ne garantissant ni la dignité ni l’accès à un emploi décent. Plus de 70 % des diplômés peinent à intégrer le marché du travail avant cinq ans après l’obtention de leur diplôme, révélant la fragilité des politiques de l’emploi.
L’ODT attribue cette crise à des déséquilibres structurels, notamment une croissance économique faible et concentrée dans des secteurs traditionnels à faible capacité d’absorption des diplômés, comme l’agriculture et le tourisme, ainsi qu’à la fragilité des petites et moyennes entreprises. Elle souligne aussi le décalage persistant entre les formations universitaires et les besoins réels du marché, pointant un déficit en compétences professionnelles et techniques dans les cursus, ce qui rejoint les conclusions de rapports internationaux, dont celui de la Banque mondiale, selon lequel 70 % des familles marocaines ne sont pas satisfaites de la qualité de l’enseignement supérieur.
Par ailleurs, la syndicat exprime ses inquiétudes quant à l’échec du programme « Forssa » à atteindre ses objectifs, évoquant une mauvaise gestion des fonds destinés aux petites entreprises, souvent attribués à des associations fictives ou des initiatives inexistantes. Elle réclame une enquête par la Cour des comptes et une commission d’enquête pour assurer transparence et responsabilité. Pour remédier à cette situation, l’ODT propose des réformes profondes, notamment la suppression de la limite d’âge de 30 ans pour accéder à la fonction publique, la création de postes permanents pour compenser les départs à la retraite, la réactivation du service civil temporaire pour faciliter l’intégration professionnelle des diplômés, ainsi que le soutien ciblé aux secteurs à forte valeur ajoutée comme l’industrie, les énergies renouvelables et le numérique, clés pour la création d’emplois durables adaptés aux besoins de l’économie moderne.