Ibrahim Mahama, artiste ghanéen, s’impose aujourd’hui comme une figure incontournable de l’art contemporain. Classé numéro un mondial par ArtReview, il a transformé la récupération d’objets usés en un langage artistique unique. Né à Tamale, dans le nord du Ghana, Mahama utilise des sacs de jute et matériaux abandonnés pour créer des installations monumentales qui investissent des bâtiments entiers. Il affirme : « Plus les objets sont anciens, plus ils racontent. » Très jeune, il a déjà exposé dans des événements internationaux majeurs, de la Biennale de Venise à la Biennale de Sydney, en passant par Milan et New York, portant la voix de l’art africain sur la scène mondiale.
Parmi ses œuvres les plus remarquables, Parliament Ghost recouvre entièrement un bâtiment de sacs de jute, générant un impact visuel fort et une expérience immersive pour le spectateur. Chaque sac, marqué par l’usage et le temps, devient un vecteur de mémoire et de poésie, transformant le banal en œuvre monumentale. L’installation offre une réflexion sur le passage du temps et l’histoire des objets, invitant le public à observer la matérialité et l’énergie contenue dans ce qui a été abandonné.
Mahama n’est pas seul à explorer cette approche en Afrique. Romuald Hazoumé, du Bénin, détourne bidons et masques pour dénoncer l’esclavage et les inégalités. Au Maroc, Mounir Fatmi réutilise câbles, livres et objets électroniques pour questionner la technologie et la société, tandis que Hassan Hajjaj transforme emballages et objets du quotidien en portraits dynamiques, célébrant la culture urbaine et donnant vie à des matériaux oubliés. Ensemble, ces artistes montrent que l’Afrique est un véritable laboratoire créatif, où mémoire et innovation se rencontrent pour produire un art engagé et contemporain.
Aujourd’hui, les œuvres de Mahama voyagent à travers le monde, du Rockefeller Center aux musées européens et américains. Et malgré cette reconnaissance internationale, l’artiste affirme vouloir continuer à travailler pour son continent. Avec Mahama, Hazoumé, Fatmi et Hajjaj, l’Afrique prouve qu’elle ne se contente pas d’observer la scène artistique mondiale : elle la réinvente, en transformant les matériaux, l’histoire et la mémoire en créations universelles et puissantes.