Les forces armées jordaniennes ont révélé une escalade alarmante dans les tentatives de trafic de drogue par voie aérienne, annonçant avoir abattu plus de 300 drones chargés de stupéfiants depuis le début de l’année 2024. Selon des données officielles publiées par la Direction de la communication militaire et relayées par l’agence de presse jordanienne, 310 drones ont été interceptés, soit une moyenne de près de deux par jour, en provenance de plusieurs points frontaliers, notamment du sud et du nord-est du royaume.
Cette recrudescence marque un changement qualitatif dans les méthodes utilisées par les réseaux criminels organisés, qui ne se contentent plus des voies terrestres traditionnelles. Désormais, la technologie des drones est exploitée pour faire passer des quantités massives de drogues, principalement des comprimés de captagon. Rien que durant les six premiers mois de l’année, les autorités ont saisi plus de 14 millions de pilules, 92 kg d’autres substances illicites, ainsi que plus de 10 000 blocs de haschich.
La frontière jordano-syrienne, longue de plus de 375 kilomètres, est devenue un terrain d’action privilégié pour ces trafics, impliquant des groupes armés organisés soutenus par des réseaux de contrebande actifs depuis plusieurs années en territoire syrien. Selon l’armée jordanienne, certaines opérations se déroulent sous couverture armée, ce qui a contraint les forces jordaniennes à mobiliser l’aviation militaire pour protéger la souveraineté du pays. 69 opérations de contrebande armée ont été recensées au cours de la même période, avec l’utilisation de 84 armes différentes.
Historiquement, la Syrie a été l’un des plus grands producteurs de captagon, qui constituait une source majeure de financement du régime syrien. Selon des rapports internationaux, le pays était devenu une véritable “narco-état”, avec des exportations illicites dépassant largement les flux commerciaux légaux. Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre dernier, d’importants stocks de drogues ont été découverts dans d’anciennes bases militaires. En Jordanie, les autorités ont traité plus de 25 000 affaires liées à la drogue en 2024, arrêtant plus de 38 000 personnes, tandis que huit membres des forces antidrogue ont perdu la vie, illustrant la gravité de la menace pesant sur la sécurité nationale et régionale.
