Abdulrahman Saeed Farea
Membre du Centre Marocain de Recherches et d’Études Stratégiques et des Relations Internationales
Depuis plusieurs décennies, la diplomatie marocaine connaît de profondes mutations dans son approche du dossier du Sahara, considéré comme la cause nationale par excellence du Royaume. Après un long parcours marqué par des succès et des moments d’ajustement sur la scène internationale, le Maroc a progressivement acquis la conviction qu’il devait repenser ses outils diplomatiques pour s’adapter aux transformations régionales et mondiales.
Les premières années de gestion du dossier au sein des Nations unies ont mis en évidence certaines fragilités tactiques ainsi qu’un déficit de communication internationale. Cependant, cette expérience a progressivement permis de bâtir une diplomatie marocaine nouvelle : plus mature, proactive, structurée et appuyée sur une vision stratégique claire.
Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette diplomatie repose désormais sur une approche globale combinant diplomatie officielle et diplomatie parallèle, puissance douce et engagement politique, présence économique et rayonnement culturel. Elle s’inscrit dans une stratégie d’affirmation souveraine et de consolidation du rôle géopolitique du Maroc sur la scène africaine et internationale.
I. Les stratégies diplomatiques marocaines dans la défense de la cause nationale
L’action diplomatique du Maroc autour de la question du Sahara a profondément évolué ces dernières années. Après une période marquée par un déficit de coordination et une exploitation limitée du capital de soutien international, le Royaume a adopté une démarche inclusive fondée sur la mobilisation de l’ensemble des forces vives nationales — institutions, partis politiques, société civile et diaspora — au service de la défense de son intégrité territoriale.
Cette approche collective a permis d’obtenir des résultats significatifs au sein de différents fora internationaux, renforçant la crédibilité de l’initiative marocaine d’autonomie, reconnue comme la seule solution politique réaliste, durable et sérieuse au différend régional.
L’action diplomatique marocaine s’est également traduite par des percées notables sur le plan continental et régional, notamment à travers le retrait de la reconnaissance de la prétendue « RASD » par plusieurs pays africains et latino-américains. Ce succès témoigne du passage d’une diplomatie essentiellement défensive à une diplomatie offensive, anticipatrice et génératrice d’initiatives, consolidant ainsi la légitimité juridique, politique et historique du Maroc.
Cette dynamique est appuyée par une réorganisation institutionnelle, une montée en puissance de la diplomatie économique et parlementaire, ainsi qu’une stratégie dite des « cercles imbriqués », visant à agir simultanément dans les sphères maghrébine, africaine, arabe et européenne.
Comme l’a affirmé Sa Majesté le Roi Mohammed VI :
« Le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère le monde, et c’est le critère simple et clair qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats. »
Ainsi, la diplomatie marocaine se présente aujourd’hui comme un modèle alliant légitimité historique, vision stratégique et efficacité opérationnelle.
II. Les rôles géopolitiques du Maroc dans la gestion des crises régionales
Sur la scène africaine et méditerranéenne, le Maroc se distingue par sa capacité à conjuguer présence politique, engagement économique et influence culturelle. Fort de son positionnement géostratégique et de son héritage historique en Afrique, le Royaume s’affirme comme un acteur clé dans la stabilisation des régions et dans la promotion de la coopération Sud-Sud.
Depuis son retour à l’Union africaine en 2017, le Maroc a investi les mécanismes institutionnels continentaux avec une approche pragmatique. Son élection au Conseil de paix et de sécurité de l’UA et la décision 693 du sommet de Nouakchott (2018), affirmant l’exclusivité du cadre onusien pour le règlement du différend sur le Sahara, constituent des avancées structurantes.
À cela s’ajoute une diplomatie économique solide, matérialisée par la signature de plus de 500 accords dans divers domaines stratégiques. La reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara et l’ouverture de consulats à Laâyoune et Dakhla ont marqué un tournant décisif dans la consolidation internationale du positionnement marocain.
Par ailleurs, le Maroc déploie également un soft power religieux et culturel, en promouvant un islam modéré et en formant des imams africains, contribuant ainsi à la paix et à la stabilité régionales. Diplomatie économique, religieuse, culturelle et parlementaire constituent désormais les piliers complémentaires de son rayonnement international.
Conclusion
L’expérience diplomatique marocaine constitue aujourd’hui un exemple d’évolution réussie, passant d’une posture réactive à une stratégie proactive et d’influence. La gestion du dossier du Sahara incarne une diplomatie multidimensionnelle où se conjuguent légitimité historique, réalisme politique, engagement économique et rayonnement culturel.
Sous la conduite éclairée du Roi Mohammed VI, le Maroc a su transformer un enjeu national en moteur de projection internationale, consolidant son statut d’acteur majeur de la paix, de la sécurité et du développement en Afrique et dans l’espace euro-méditerranéen.
Ainsi, loin de se réduire à un simple instrument de défense territoriale, la diplomatie marocaine représente aujourd’hui un modèle d’équilibre, de continuité et d’ambition stratégique, capable de convertir les défis historiques en leviers d’influence durable.