Le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a annoncé jeudi 3 juillet 2025 à Rabat la préparation du lancement de sukuk islamiques au cours de cette année. Cette initiative vise à fournir des instruments financiers adaptés aux banques participatives, qui continuent de faire face à des défis en matière de liquidité depuis leur création. Lors d’une conférence de presse organisée en marge du 23e Forum sur la stabilité financière islamique, Jouahri a expliqué que cette démarche s’appuie sur une expérience antérieure lancée en 2018, précisant que des consultations techniques sont actuellement en cours avec le ministère de l’Économie et des Finances ainsi qu’avec le Conseil scientifique supérieur, en vue de l’approbation de cette nouvelle émission.
Le gouverneur a souligné un déséquilibre financier marqué au sein des banques participatives, avec un total de crédits accordés d’environ 35 milliards de dirhams contre des dépôts ne dépassant pas 12 milliards de dirhams, ce qui traduit un important déficit financier impactant leur capacité de financement. Il a insisté sur la nécessité que toute solution à la problématique de liquidité respecte les spécificités de la finance islamique, notant que les solutions temporaires proposées auparavant en coordination avec le Conseil scientifique supérieur n’ont pas permis d’assurer une durabilité réelle. Cela impose donc l’adoption d’outils structurels plus efficaces, comme les sukuk islamiques.
Jouahri a affirmé que les sukuk peuvent offrir aux banques participatives des moyens efficaces pour le refinancement et une meilleure gestion durable de la liquidité, surtout face à la faiblesse des instruments financiers disponibles et la difficulté de négocier des actifs liquides. Il a également indiqué que les autorités de supervision ont, dès le départ, mis en place un cadre légal et réglementaire spécifique aux banques participatives, mais que le resserrement des politiques monétaires et la hausse de l’inflation mondiale ont accru les défis. Il a précisé que Bank Al-Maghrib collabore actuellement avec le Conseil scientifique supérieur et la Banque islamique de développement pour étudier l’assistance technique nécessaire à la levée de ces obstacles.
Malgré ces difficultés, Jouahri a exprimé sa confiance dans le potentiel des banques participatives, soulignant qu’elles affichent des indicateurs compétitifs positifs comparés à certaines banques traditionnelles, ce qui ouvre la voie à leur développement une fois les contraintes structurelles surmontées. Il a conclu en insistant sur l’importance du financement participatif (takaful) dans ce processus, en précisant que le cadre réglementaire relatif a été finalisé après de larges consultations avec les parties prenantes, préparant ainsi la mise en place d’un écosystème intégré de finance islamique au Maroc.