Au Royaume-Uni, une nouvelle enquête de la Gambling Commission alerte sur une tendance préoccupante : la moitié des jeunes âgés de 11 à 17 ans ont été exposés au jeu d’argent au cours des douze derniers mois, et 30 % d’entre eux y ont consacré leur propre argent. Dans un pays où l’addiction au jeu constitue déjà un enjeu de santé publique majeur, la progression de ces pratiques chez les mineurs fait craindre un risque croissant pour l’équilibre social et psychologique de toute une génération. Un phénomène qui, s’il venait à se propager à d’autres pays, pourrait poser un défi majeur en matière de protection des mineurs.
Les données publiées montrent une hausse par rapport à 2024 : 27 % des jeunes déclaraient alors dépenser leur propre argent dans des activités liées au jeu. Le régulateur souligne toutefois que cette augmentation n’est pas liée à un accès facilité au jeu illégal chez les mineurs, mais à une multiplication des formes de jeu considérées comme légales ou non régulées, telles que les paris privés entre amis. Le taux de jeunes présentant des signes de dépendance s’établit à 1,2 %, un chiffre jugé « statistiquement stable » par rapport à l’année précédente, mais qui n’en demeure pas moins préoccupant au regard de l’évolution globale des pratiques.
L’enquête, menée auprès de 3 666 élèves scolarisés dans des établissements d’Angleterre, d’Écosse et du pays de Galles, révèle que les activités les plus courantes restent les jeux d’arcade autorisés, notamment les « penny pushers » et les pinces attrape-jouets (21 %), suivis des paris informels entre amis ou en famille (14 %) et des parties de cartes jouées pour de l’argent (5 %). Ces formes de jeu, perçues comme inoffensives, constituent pourtant une porte d’entrée vers des comportements plus risqués, d’autant plus que leur caractère légal ou informel tend à banaliser le rapport à l’argent et au hasard dès le plus jeune âge.
Pour Tim Miller, directeur exécutif de la recherche et des politiques au sein de la Gambling Commission, ces résultats renforcent la nécessité d’une vigilance accrue. « Nous observons une hausse de la participation – 27 % en 2024 contre 30 % en 2025 – mais celle-ci est tirée par des formes de jeu non régulées plutôt que par un encouragement au jeu illégal », explique-t-il. Reste que cette montée en puissance interroge sur la capacité du pays à protéger les mineurs, et plus largement sur les modèles culturels qui influencent les comportements des jeunes. Un débat qui dépasse largement les frontières britanniques : à l’heure où le jeu en ligne et les micro-paris se développent partout dans le monde, la question de la protection des jeunes devient un enjeu global.