Les déclarations de Wafaa Shaker, directrice de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, ont suscité une vive controverse après avoir affirmé qu’« un seul élève dans les établissements de leadership équivaut à 80 élèves dans d’autres établissements ». Ce propos, qualifié par des acteurs éducatifs de « choquant » et « discriminatoire », relance le débat sur le respect du principe d’égalité des chances dans l’école publique.
Jalal Al-Inaya, enseignant dans les écoles de leadership, a déclaré à ThePress que les propos de la responsable « sont en contradiction avec l’esprit de l’article 31 de la Constitution marocaine, ainsi qu’avec les documents de référence du projet de réforme de l’éducation, qui insistent sur les principes d’équité et de qualité pour tous, sans discrimination ni sélection ».
Il a également mis en garde contre la tendance à l’élitisme qui commence à apparaître dans le projet des « écoles de leadership », notamment à travers la sélection préalable des élèves puis leur intégration avec des camarades d’écoles publiques ordinaires au niveau du collège, ce qui crée un écart manifeste en termes de niveau pédagogique et de formation.
Al-Inaya a ajouté que « les indicateurs de réussite élevés mis en avant dans ces établissements restent entourés de questions sur leur transparence et leur objectivité, en l’absence de mécanismes d’évaluation indépendants et équitables ».
Concernant les rémunérations, il a souligné que les enseignants du projet Leadership perçoivent des montants dérisoires par rapport aux inspecteurs : un enseignant reçoit 10 000 dirhams versés une seule fois pour toute la durée du projet, tandis qu’un inspecteur bénéficie d’indemnités mensuelles allant de 3 000 à 5 000 dirhams, créant un écart qui impacte la motivation et la continuité des enseignants dans le projet.
En conclusion, Al-Inaya a insisté auprès de ThePress sur le fait que le succès de toute réforme éducative repose sur l’équité entre tous les acteurs, en particulier les enseignants, piliers du processus éducatif. Il a appelé à un renforcement de la motivation et à un soutien financier équilibré entre enseignants et inspecteurs afin d’assurer la continuité du projet et la réalisation de ses objectifs.
