Hong Kong est en état de sidération après l’incendie d’une violence inédite qui a ravagé le complexe résidentiel Wang Fuk Court, dans le district de Tai Po. Le bilan, encore provisoire, fait état de 128 morts, tandis que des dizaines de personnes demeurent introuvables. Les équipes de secours continuent, étage après étage, de fouiller les tours calcinées dans l’espoir de retrouver des survivants et de récupérer les corps des victimes.
Le feu s’est déclaré mercredi dans les huit immeubles de 31 étages, tous en pleine rénovation. En quelques minutes, les flammes ont gagné l’ensemble du complexe, attisées par des matériaux hautement inflammables et par de fortes rafales de vent. En l’espace de quelques heures, l’immense chantier s’est transformé en piège, révélant les vulnérabilités structurelles d’un parc immobilier densifié à l’extrême.
Le dernier bilan officiel fait état d’au moins 128 morts, tandis que plus de cinquante blessés demeurent hospitalisés, certains dans un état critique. Les autorités ont déployé des centaines de pompiers et d’ingénieurs pour inspecter méthodiquement chaque appartement et sécuriser les structures fragilisées.
Trois hommes liés au chantier ont été arrêtés pour suspicion de négligence, après la découverte de matériaux abandonnés qui auraient accéléré la propagation de l’incendie. Le gouvernement a ordonné une inspection urgente de tous les grands chantiers de rénovation en cours dans la ville, et un groupe de travail a été créé pour examiner d’éventuelles irrégularités dans le projet Wang Fuk Court.
Au-delà du drame humain, la catastrophe relance un débat profond sur la sécurité des immeubles en Chine et à Hong Kong. Car si la ville est réputée pour ses normes strictes, la multiplication des mégaprojets de rénovation, la pression immobilière et la sous-traitance à répétition ont parfois ouvert des brèches dans les dispositifs de contrôle. Dans un environnement urbain où les habitants vivent littéralement empilés les uns au-dessus des autres, la moindre faille de sécurité peut devenir un facteur de risque majeur.
À Hong Kong, la population demande des réponses : comment un chantier officiellement supervisé a-t-il pu contenir autant de matériaux inflammables ? Pourquoi les dispositifs anti-incendie de secours ont-ils été si rapidement dépassés ? Et surtout, combien d’autres immeubles en rénovation présentent les mêmes dangers ?
Tandis que la ville pleure ses victimes et soutient les familles à la recherche d’êtres chers, l’incendie de Wang Fuk Court apparaît déjà comme un tournant. Il force Hong Kong — et plus largement les autorités chinoises — à réinterroger la sécurité de ses immeubles, la rigueur de ses inspections et la transparence de ses chantiers, dans une métropole où chaque étage, chaque couloir, chaque choix de matériaux peut faire la différence entre la vie et la catastrophe.