Et si l’Afrique s’apprêtait à voir l’un de ses fils soulever le Ballon d’or ? Longtemps confiné à un rôle de second plan dans les grandes écuries européennes, Achraf Hakimi s’est imposé cette saison comme une figure centrale du football mondial. Vainqueur de la Ligue des champions avec le Paris Saint-Germain, demi-finaliste de la Coupe du monde des clubs et joueur décisif dans presque toutes les grandes rencontres de l’année, le latéral marocain a brisé les codes, renversé les hiérarchies et légitimement ouvert la porte à une consécration historique.
L’édition 2024-2025 de la Ligue des champions a été le théâtre de sa montée en puissance. Plus qu’un défenseur, Hakimi a incarné l’âme du PSG de Luis Enrique : vertical, explosif, lucide. Passeur décisif à plusieurs reprises en phase à élimination directe, buteur en finale, artisan du pressing et du jeu de transition, il a fait étalage d’une palette rarement vue à son poste. Il n’est plus simplement un coureur de ligne rapide, mais un leader technique et mental, capable de porter son équipe dans les moments clés.
Sur la scène internationale, Hakimi a aussi marqué les esprits. Ses performances régulières avec le Maroc, dans un rôle de capitaine et de modèle, renforcent son profil complet de joueur du peuple, enraciné dans une ferveur populaire qui dépasse le terrain. À l’heure où les jurys du Ballon d’or regardent de plus en plus l’impact global d’un joueur – médiatique, collectif, émotionnel – le Marocain coche toutes les cases. Il est devenu une icône africaine, un ambassadeur sportif, et l’un des rares joueurs capables de concilier l’esthétique et l’efficacité.
Mais ce qui donne encore plus de poids à sa candidature, c’est l’effacement relatif des superstars traditionnelles. Messi, désormais en MLS, Ronaldo sur le déclin, Mbappé irrégulier, Haaland discret… le terrain est ouvert. Et dans cette saison sans roi incontesté, Hakimi apparaît comme une alternative crédible, audacieuse, mais de plus en plus légitime. Le football moderne valorise la constance, l’influence sur le jeu, et la capacité à transcender les lignes. Dans cette grille de lecture, Hakimi rivalise avec les meilleurs, voire les dépasse.
Bien sûr, le chemin reste semé d’embûches. Le Ballon d’or reste, malgré tout, ancré dans des logiques de notoriété, de symbolique offensive et de traditions. Mais si l’histoire devait changer, si le monde du football décidait enfin de récompenser l’excellence, la régularité, le mérite collectif et la rupture des stéréotypes, alors Achraf Hakimi aurait plus qu’une chance. Il aurait un rendez-vous avec l’Histoire.
