Cent quarante-trois soldats haïtiens, dont 15 femmes, ont achevé vendredi une formation militaire de huit mois au Mexique, dans le cadre d’un accord bilatéral entre les deux pays. Cet entraînement, encadré par l’armée mexicaine, intervient alors que Port-au-Prince et près de 90 % de sa région métropolitaine restent sous l’emprise des gangs armés.
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, Haïti s’enfonce dans une spirale de violence qui paralyse ses institutions et fragilise l’État. Face à l’impuissance des forces locales, cette formation vise à renforcer les capacités opérationnelles de l’armée haïtienne afin de reprendre le contrôle du territoire. « Cet investissement profite non seulement aux forces armées haïtiennes, mais aussi à la société dans son ensemble », a déclaré Hubert Labbe, ambassadeur d’Haïti au Mexique, soulignant la nécessité de restaurer la sécurité et l’État de droit.
La cérémonie de clôture a mis en avant la coopération régionale face à une crise qui dépasse les frontières haïtiennes. Les nouvelles recrues doivent désormais rejoindre leurs unités en Haïti, dans un climat d’attente mêlé d’espoir et de scepticisme. Pour beaucoup d’Haïtiens, la capacité réelle de ces soldats à peser face aux gangs reste encore incertaine, tant ces derniers ont consolidé leur contrôle au cours des dernières années.
Sur le plan international, la pression s’accentue pour trouver une réponse collective. Les États-Unis et le Panama ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser la mise en place d’une force de 5 550 hommes chargée de traquer les gangs. Mais la mission multinationale conduite par le Kenya et déjà déployée en Haïti a montré ses limites, renforçant le sentiment d’urgence et la nécessité d’une stratégie plus robuste et coordonnée.
