Guinée : un référendum sous tension sur la route incertaine de la transition

Près de 6,7 millions d’électeurs guinéens étaient appelés, dimanche, à se prononcer sur un projet de constitution censé marquer une étape décisive dans la transition politique du pays. Le texte, pour être adopté, doit atteindre un taux de participation minimal de 50 %. Officiellement, il s’agit d’ouvrir la voie à un retour à un régime civil après quatre années de pouvoir militaire exercé par le général Mamadi Doumbouya.

Le scrutin, organisé par la Direction générale des élections (DGE) — une structure nouvellement créée et placée sous la houlette de responsables désignés par le chef de la junte — se veut le prélude à des élections générales promises pour le mois de décembre. Mais sa légitimité est déjà entachée par les conditions dans lesquelles il a été convoqué.

En effet, une large partie du paysage politique a été neutralisée. Plusieurs partis ont été dissous en 2024, et les trois principales forces d’opposition ont été suspendues à la veille du référendum, les privant de toute possibilité de campagne ou de mobilisation. Ces formations n’ont eu d’autre choix que d’appeler au boycott, dénonçant une mascarade électorale destinée à verrouiller la scène politique.

Pour de nombreux observateurs et opposants, ce référendum n’est rien d’autre qu’un instrument de légitimation pour Mamadi Doumbouya. L’homme fort de Conakry, arrivé au pouvoir par les armes, pourrait utiliser ce texte pour se frayer un chemin vers la présidence et inscrire son autorité dans le marbre d’une constitution façonnée à sa mesure.

Dans ce climat de suspicion et de défiance, la véritable épreuve résidera moins dans le verdict des urnes que dans la crédibilité du processus. La question demeure entière : la Guinée vit-elle l’aube d’un retour progressif à l’ordre démocratique, ou l’amorce subtile d’une nouvelle ère d’autoritarisme habillé de légalité constitutionnelle ?

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