Une étude récente a levé le voile sur la propagation généralisée de microparticules plastiques à travers toutes les couches de l’océan Atlantique Nord et des bassins adjacents, depuis la surface jusqu’aux profondeurs abyssales. Selon un rapport publié par Al Jazeera Net, cette étude menée sur dix ans et couvrant plus de 1885 points maritimes, confirme que la pollution plastique ne se limite plus aux nappes de surface bien connues, mais s’infiltre désormais verticalement dans toute la colonne d’eau, formant un « brouillard léger » de fragments et de fibres synthétiques plus fines qu’un cheveu humain, dérivant avec les courants marins avant de se déposer graduellement au fond de l’océan.
Contrairement aux croyances scientifiques précédentes, la densité du plastique n’est plus un facteur déterminant de son affaissement vers le fond. L’étude montre que les microplastiques, notamment ceux de moins de 100 microns, restent en suspension longtemps à différentes profondeurs, en raison de l’érosion, de l’exposition aux UV et de l’activité microbienne. Cette diffusion verticale renforce l’hypothèse de l’existence de « lentilles plastiques » sous les gyres océaniques, où les déchets plastiques s’accumulent hors de portée des satellites et des systèmes de surveillance maritime.
Bien que le plastique puisse sembler inerte à première vue, l’étude révèle son rôle plus inquiétant : celui de vecteur de polluants organiques, de métaux lourds et de microbes pathogènes, menaçant les chaînes alimentaires marines à leur base. Le plancton, pilier fondamental de l’écosystème océanique, ingère ces particules, qui se retrouvent ensuite dans les poissons, les mammifères marins, puis dans nos assiettes.
Mais la catastrophe ne s’arrête pas à sa toxicité. L’étude indique également que cette pollution pourrait nuire à la capacité des océans à absorber le dioxyde de carbone — un rôle crucial qu’ils jouent dans la régulation climatique. L’accumulation croissante de microplastiques dans les profondeurs marines pourrait ainsi perturber le cycle du carbone océanique, avec des conséquences climatiques encore plus graves à long terme.
Malgré les efforts internationaux visant à réduire la production de plastique et à améliorer la gestion des déchets, l’ampleur de la pollution actuelle est telle que la restauration des écosystèmes marins représente une tâche de longue haleine. Même si toutes les décharges plastiques cessaient aujourd’hui, des milliards de microparticules continueraient à se déplacer, s’enfoncer et se décomposer pendant des décennies. L’équipe de chercheurs appelle à l’instauration d’un protocole mondial standardisé pour surveiller et analyser ces microparticules, afin d’établir une cartographie précise de cette pollution et de développer des politiques environnementales fondées sur des données scientifiques rigoureuses, plutôt que sur de simples bonnes intentions.