Après quarante-trois jours d’impasse, le plus long shutdown de l’histoire des États-Unis a pris fin mercredi soir avec la signature par le président Donald Trump d’un projet de loi de financement temporaire, rouvrant ainsi l’ensemble du gouvernement fédéral. Le texte, adopté plus tôt dans la journée par la Chambre des représentants à une majorité étroite de 222 voix contre 209, puis validé par le Sénat, met fin à une paralysie qui a touché près de 700 000 fonctionnaires, dont beaucoup étaient en congé forcé ou contraints de travailler sans salaire . Cette sortie de crise représente un répit bienvenu pour un pays où les services publics essentiels étaient gravement perturbés depuis la mi-septembre.
Le compromis trouvé reste néanmoins minimaliste. Il permet de financer l’administration jusqu’au 30 janvier, sans inclure la prolongation des subventions à l’Affordable Care Act (ACA), revendication phare des démocrates, ni les crédits destinés à plusieurs programmes sociaux dont les négociations avaient initialement fait dérailler les discussions budgétaires . Du côté républicain, la Maison-Blanche a présenté ce texte comme un moyen « d’avancer » tout en laissant planer la possibilité de nouvelles batailles législatives dès le début de l’année 2026. Ce financement d’urgence ne règle donc pas le conflit de fond qui oppose les deux partis sur la santé, les dépenses publiques et la protection sociale.
La fin du shutdown a toutefois permis d’atténuer immédiatement certaines perturbations majeures. La FAA a constaté une baisse rapide des annulations de vols avec le retour de nombreux contrôleurs aériens à leurs postes, après des semaines de sous-effectifs ayant désorganisé l’espace aérien américain . Parallèlement, l’administration Trump a assuré que les allocations alimentaires du programme SNAP seraient versées « dans les 24 heures », un soulagement essentiel pour des millions de ménages dépendant de cette aide pour se nourrir . Durant la fermeture, certains États avaient averti qu’ils ne pourraient plus financer ces prestations, ce qui avait accru la pression politique pour trouver un accord rapide.
Malgré la réouverture du gouvernement, les conséquences économiques et politiques de cette crise s’annoncent profondes. Plusieurs analyses évoquent un coût hebdomadaire estimé entre 10 et 15 milliards de dollars pour l’économie américaine, conséquence du gel des services, de la chute de productivité et des perturbations dans les transports et l’administration fiscale . Au-delà des pertes économiques, l’épisode a ébranlé la confiance des citoyens dans la capacité des institutions à fonctionner de manière stable. À l’approche des discussions budgétaires pour 2026, beaucoup redoutent que ce compromis de dernière minute ne soit qu’un sursis, et que les États-Unis soient à nouveau confrontés à une paralysie gouvernementale si aucune solution durable n’est trouvée.