Washington a annoncé l’octroi d’une aide humanitaire de 32,5 millions de dollars au Nigeria, un geste exceptionnel depuis le virage opéré par la politique étrangère américaine sous Donald Trump. Cette enveloppe vise à endiguer la crise alimentaire qui ravage le nord du pays, où l’insécurité persistante et les restrictions budgétaires ont exacerbé une situation déjà critique.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 1,3 million de Nigérians risquent de manquer de nourriture. Dans l’État de Borno, vingt-sept cliniques sont menacées de fermeture, faute de ressources. En juillet dernier, l’agence onusienne avait déjà suspendu une partie de ses opérations dans plusieurs pays africains, faute de financements, conséquence directe du désengagement américain. Cette annonce marque donc une inflexion significative, à un moment où les stocks alimentaires s’épuisent et où la malnutrition progresse dangereusement.
Le financement devrait permettre d’assister environ 764 000 personnes particulièrement vulnérables. Femmes enceintes, mères allaitantes et enfants recevront des compléments nutritionnels adaptés, ainsi qu’un accès à des bons alimentaires électroniques. Ces mesures visent à renforcer la résilience des communautés les plus exposées et à limiter l’impact d’une crise qui s’enracine dans la durée.
Mais l’urgence humanitaire se double d’un drame sécuritaire. Les attaques armées se sont intensifiées dans le nord et le centre du Nigeria, faisant au moins 150 morts au mois de juin. Dans le nord-est, l’insurrection a déjà coûté la vie à quelque 35 000 civils et déplacé plus de deux millions de personnes. Dans ce contexte, l’aide américaine apparaît comme un sursis vital, sans toutefois constituer une réponse suffisante face à l’ampleur du défi.