Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus jeune du monde. L’âge médian est estimé à 19,3 ans, selon Worldometers. D’après la Mo Ibrahim Foundation, cette jeunesse représente un immense réservoir de créativité, d’énergie et de potentiel économique.
Chaque année, 10 à 12 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail, alors que l’économie formelle ne crée qu’environ 3 millions d’emplois, d’après la Banque Africaine de Développement (AfDB). Le calcul est simple : des millions de jeunes doivent inventer leur propre opportunité. C’est là que l’entrepreneuriat étudiant s’impose comme une force décisive.
Sur les campus, dans les centres d’incubation et même dans les résidences universitaires, une génération refuse d’attendre un diplôme pour créer. Selon le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), l’Afrique subsaharienne possède l’un des taux d’intention entrepreneuriale les plus élevés au monde. Plateformes digitales, agritech, énergies renouvelables, e-commerce, services éducatifs… Les étudiants transforment des besoins locaux en solutions innovantes et concrètes.
Cet engagement entrepreneurial répond à un enjeu majeur : le chômage des jeunes, l’un des plus élevés à l’échelle mondiale. D’après le World Bank Youth Report, environ un tiers des jeunes africains âgés de 15 à 35 ans sont sans emploi, un autre tiers est sous‑employé ou travaille dans des conditions vulnérables, et seulement 1 sur 6 bénéficie d’un emploi stable. Face à cette réalité, l’entrepreneuriat devient une alternative réaliste, mais aussi un catalyseur de transformation économique. Les campus se muent en laboratoires de création où naissent des idées capables de révolutionner des secteurs entiers : agriculture intelligente, fintech inclusives, solutions énergétiques locales, applications éducatives. Ces projets étudiants pourraient demain faire émerger de nouveaux leaders économiques.
Car l’histoire de l’entrepreneuriat africain le prouve : les géants d’aujourd’hui ont commencé jeunes. Aliko Dangote, devenu l’homme le plus riche d’Afrique, a débuté à 21 ans en achetant et revendant de petites quantités de sucre et de ciment. Mohammed Dewji, multimilliardaire tanzanien, a rejoint l’entreprise familiale dès la fin de ses études pour en faire un empire. Cette nouvelle génération d’étudiants-entrepreneurs n’est peut-être pas encore dans les classements Forbes, mais elle incarne les futurs bâtisseurs de l’économie africaine.
Pour que ce moteur discret devienne un véritable levier continental, un soutien structuré est nécessaire : financement accessible, programmes de mentorat, intégration de l’entrepreneuriat dans les cursus, reconnaissance du statut d’étudiant-entrepreneur. Car chaque jeune qui crée une entreprise ne bénéficie pas seulement à lui-même : il génère de l’emploi, stimule l’innovation, renforce la résilience économique et inspire toute une génération.
Au-delà des chiffres, une conviction s’impose : l’avenir économique de l’Afrique dépend largement de la capacité de ses étudiants à entreprendre, innover et transformer leurs idées en entreprises durables. Au Maroc, des institutions comme l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Ben Guerir, l’Université Al Akhawayn à Ifrane, l’UEMF (Université Euromed de Fès) et l’UIR (Université Internationale de Rabat) développent des programmes, incubateurs et espaces de coworking pour encourager l’entrepreneuriat étudiant. Dans le silence des bibliothèques ou le bouillonnement de ces incubateurs, les futurs Dangote, Dewji ou Masiyiwa africains sont déjà en train de naître